Après le premier succès au cinéma des aventures du professeur Bernard Quatermass dans The Quatermass Xperiment (1955), celui-ci revient en salles deux ans plus tard dans La Marque, toujours réalisé par Val Guest, avec Brian Donlevy dans la peau du personnage principal.
Après avoir malencontreusement ramené sur Terre un organisme destructeur suite à une expérience menée dans l’espace, le professeur Quatermass continue ses recherches et se retrouve confronté à un nouveau mystère. Cette fois, d’étranges objets semblent tomber du ciel, pendant qu’une énorme usine, ressemblant à s’y méprendre à un modèle qu’il a conçu dans son laboratoire, a été construite au cœur de la campagne anglaise. Celle-ci attire toute son attention, mais, étrangement, personne n’accepte de donner la moindre information à son sujet, qu’il s’agisse de ceux qui la gèrent, que de ce que l’on y fabrique, hormis qu’il s’agirait de « nourriture synthétique ». Encore plus étrange et inquiétant, certaines personnes qui s’approchent de l’usine et qui mettent la main sur ces étranges objets venus de l’espace se retrouvent avec une marque sur le visage, et sont aussitôt kidnappés par d’étranges gardes en combinaison.
Si la lecture du synopsis peut quelque peu griller le suspense de La Marque, le film suit les traces de son prédécesseur en parvenant à cultiver le mystère au maximum, ne dévoilant ses cartes que très progressivement, laissant le spectateur dans le doute le plus longtemps possible. On y retrouve cette volonté de ne pas s’égarer dans une profusion d’effets spéciaux, la mise en place d’une ambiance anxiogène étant le point le plus important. La Marque cherche surtout à illustrer un mal invisible, ou au moins dissimulé, mais omniprésent, agissant loin du regard de tous, mais influant grandement sur la société.
Tout ne se passe pas juste dans l’usine, puisqu’en dehors les langues se lient pour ne pas mettre en péril cette mystérieuse entreprise, et, parfois, des personnes influentes de certaines institutions gouvernementales, ou de la police, se retrouvent elles-mêmes directement influencées par cet étrange pouvoir. Là où The Quatermass Xperiment venait illustrer un mal étranger, venu d’un monde inconnu, La Marque s’intéresse à un mal bien installé, présent au parmi tous. C’est la vision d’un mal d’ordre plus systémique, soustrayant le peuple à sa volonté, le manipulant à l’envi sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, jusqu’à ce, qu’un jour, il s’en rende compte et qu’il finisse par sonner la révolte.
Du même acabit que le premier film, La Marque propose une suite convaincante aux aventures de Bernard Quatermass, trouvant la clé de la réussite dans sa gestion du rythme, réussissant à captiver le spectateur et à le faire languir, sans jamais trop attendre. Les décors impressionnants de l’usine créent un environnement idéal pour cette atmosphère pesante et futuriste, parvenant à ancrer cette science-fiction dans la réalité.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art