La Marseillaise
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le 14 juil. 2022
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Quand une pellicule de 1938 ayant failli être oubliée révèle un film léger, impartial et didactique. Certes le son n'est pas parfait. Les voix des protagonistes sont nasillardes à cause de la monopiste de l'époque et les éclats de voix des acteurs marseillais habitués au jeu théâtral peuvent être difficiles à supporter pour les oreilles délicates. Mais on finit par s'y habituer et, quand Jean Renoir fait remarquer à Pierre Tchernia dans l'interview en bonus que l'ambiance sur le plateau était à la bonne humeur, ça se confirme à la vision où les acteurs plus ou moins inconnus et les nombreux figurants semblent bien s'amuser.
Il n'y a pas à proprement parler de personnage principal même si on suit en fil rouge le maçon Bomier interprété avec conviction par Ardisson (pas celui de la télé), de ses débuts de victime de l'arbitraire à Marseille à sa montée enthousiaste à Paris pour défendre la Nation, jusqu'à sa fin tragique, tué à bout portant par les gardes suisses à qui il demandait candidement de venir rejoindre le peuple. Bomier est accompagné par le "militant" Honoré Arnaud (Andrex), plus réfléchi que lui, qui se fait le porte-voix des idées révolutionnaires. Ils forment à eux deux une métaphore du peuple, ou plutôt de la Nation, montrée sous son plus beau jour: celui de la lutte contre les injustices, celui de la solidarité entre hommes issus de différents milieux et celui de la ferveur révolutionnaire.
Il faut souligner l'honnêteté intellectuelle de Jean Renoir qui montre que les aristocrates réfugiés à Koblenz ne sont pas tous des revanchards prêts à rejoindre les Prussiens, certains sont contre l'alliance avec eux. Mais la plupart sont montrés uniquement préoccupés de bien danser la gavotte ou le menuet. Jean Renoir dit à ce propos qu'il avait constamment à l'esprit la phrase suivante tout au long du film: ce n'est pas les révolutionnaires qui ont gagné, ce sont les réactionnaires qui ont perdu. Ils ont perdu par prétention, par frivolité et surtout par inconscience. Le roi Louis XVI, interprété tout en bonhomie par Pierre Renoir, était loin d'être un traître à la patrie, mais il était maintenu par la Cour dans l'ignorance de la situation. Quant à Marie-Antoinette, interprétée avec justesse par la comédienne de théâtre Lise Delamare, elle était manipulée par la Maison d'Autriche. Si le couple royal était uni par une chose, c'était d'être deux victimes de leur entourage.
Contrairement à l'idéologie de gauche de l'époque, Renoir n'accable donc pas la famille royale et se préserve sagement de parler de Robespierre ou de Napoléon.
Parmi les comédiens il faut noter la présence surprenante de Nadia Sibirskaïa (de son vrai nom Germaine Lebas, née à Redon), qui joue l'amoureuse de Bomier et celle de Louis Jouvet, qui n'apparaît que dans deux courtes séquences durant les quinze dernières minutes en se faisant la voix austère autant qu'impartiale de la Légalité.
Même si ce film a été financé en partie par la CGT et réalisé "par les équipes techniques et ouvrières de la CGT", ce n'est en aucun cas un film de propagande. Ce n'est pas non plus un monument grandiloquent déclamé avec l'emphase coutumière à l'époque. C'est simplement une oeuvre qui aborde la Révolution dans son côté populaire et bon enfant, et qui donne la parole à ceux dont on ne parle jamais.
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le 5 sept. 2017
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