William Shakespeare est sans aucun doute l'un des plus grands scénaristes de l'histoire du cinéma, ses pièces ayant été maintes fois adaptées pour l'écran, et c'est le cas de cette Mégère apprivoisée qui s'ajoute aux nombreuses versions tournées ou transposées, mais c'est en tout cas la plus connue.
Elle fait partie des comédies picaresques ou légères de Shakespeare, comme "Beaucoup de bruit pour rien" ou "les Joyeuses commères de Windsor", et Zeffirelli qui abordait sa première adaptation shakespearienne, s'est souvenu que plusieurs pièces du grand Will se situaient en Italie, il réussit donc une transposition fidèle de la pièce, sans l'inspiration baroque d'Orson Welles, sans la rigueur froide de Laurence Olivier, mais en aérant et en ressourçant l'ensemble. Par exemple, il apporte un grand soin à la couleur et aux décors, et les paysages de Lombardie jouent aussi un rôle dans l'affrontement-idylle entre Petrucchio et Katharina. Tout ceci ajouté aux costumes merveilleux donnent un faste baroque à cette adaptation, Zeffirelli en fait une aventure très plaisante de la Renaissance digne de Boccace et de Machiavel.
Le grand atout c'est le couple idéal formé par Liz Taylor et Richard Burton qui trouve un terrain propice pour transposer la rage et le verbe haut en couleurs nécessaires aux scènes de disputes entre les 2 tourtereaux. Un an après Qui a peur de Virginia Woolf ?, le couple Burton-Taylor se reformait à l'écran pour des affrontements terribles et des coups de gueule mémorables, en se donnant à fond, ce qui prend par la même occasion une dimension savoureuse quand on sait que leur amour tumultueux à la ville battait son plein. Sans le vouloir, Shakespeare habille leur propos par son texte plein de sous-entendus, et Zeffirelli les filme avec application dans une Italie fastueuse. Si le film repose sur ce couple incandescent, de bons acteurs les entourent comme Michael Hordern, Michael York et Cyril Cusack...