Et si, laminés par le traitement que Paul Greengrass fit ensuite subir à la série "Jason Bourne", on avait peu à peu oublié combien Doug Liman avait réalisé avec "La Mémoire dans la Peau" l'un des plus beaux thrillers modernes d'espionnage ? Un film qui RESPECTE (terme si peu hollywoodien) son spectateur en construisant une intrigue cohérente, en accordant à ses personnages des pauses dans l'action pour leur permettre d'exister comme êtres humains, en faisant autant que possible parler à chaque nationalité sa langue, en suivant la géographie et la topographie des lieux (... même si la magnifique poursuite dans Paris utilise quelques raccourcis "surprenants" à travers la ville...), en montrant les scènes d'action avec une lisibilité constante, bref, en utilisant à bon escient les armes du grand cinéma classique sans craindre pour autant de les moderniser (... car "La Mémoire dans la Peau" ne joue ni dans le rétro, ni dans la fétichisation). C'est évidemment un plaisir de revoir Matt Damon jeune, dans ce qui restera l'un de ses meilleurs rôles, celui de l'homme (apparemment) ordinaire saisi par des démons qui l'horrifient mais l'entraînent peu à peu... un personnage pas si différent de celui de "History Of Violence" de Cronenberg. En 2002, on ne parlait pas encore de "Franchise Jason Bourne", heureusement, on avait seulement devant les yeux un nouveau "classique".