A l'aune de ce film, on voit toute la différence entre les films d'action conventionnels qui, tout en restant plaisant, ressassent les mêmes poncifs et ne mettent en scène que des stéréotypes (la saga James Bond le fait de manière totalement assumée) et les films qui tout en assurant toujours aussi bien dans l'action, prennent le temps d'humaniser leurs personnages.
C'est le cas de La Mémoire dans la peau (au passage, un grand bravo au titre francophone, bien mieux trouvé que le titre original) qui laisse une impression plus authentique. Le film, malgré sa production et sa réalisation américaine est un film très européen dans son approche des personnages, qui évoluent d'ailleurs en France pour la grande partie du film. Le scénario aide aussi à s'identifier au héros : Matt Damon est un agent pro de la CIA qui se réveille amnésique après un accident et décide de recommencer une vie simple. Si ça rappelle la BD XIII, c'est normal, les deux sont inspiré des mêmes livres de Robert Ludlum.
Matt Damon est sans doute dans un de ses plus beaux rôles, où il arrive à communiquer sa confusion et sa vulnérabilité et Franka Potente joue aussi très authentiquement la « fille de bohème ». Les seconds rôles, dont le bureau de la CIA et le père de famille du sud de la France sont tout autant époustouflants. L'action est réglée au millimètre et fait dans le « comme si on y était » au lieu du banal spectaculaire. Les répliques sont aussi souvent savoureuses.
Probablement le meilleur film d'action de toute l'histoire du cinéma. La suite (d'un réalisateur différent, Paul Greengrass) est par contre pas terrible.