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Passé injustement inaperçu dans les salles françaises malgré un prix remporté au festival du film policier de Cognac, La mémoire du tueur est un nouveau témoin de la vitalité du cinéma Belge.

Avec la mémoire du tueur, Erik Van Looy réalise un polar ultra-stylisé et influencé par les meilleurs références du genre, Melville et Mann en tête. En effet, on y retrouve, ceprocédé narratif si chers aux réalisateurs du Cercle Rouge et de Heat et qui consiste à mettre en scène l'affrontement entre deux figures antagonistes (un tueur à gage malade et un flic intègre, hanté par ses démons) fascinées l'une par l'autre. Cette idée fonctionne à merveille et permet à Van Looy d'orchestrer un jeu de chat et à la souris r rythmé et riche rebondissements.
A ce titre, on regrettera presque que l'idée brillante de l'Alzheimer ne soit finalement qu'une astuce qui sert davantage à dynamiser le suspense qu' a humaniser le personnage du tueur qui conserve cependant sa capacité à susciter l'intérêt et l'empathie grâce à son interprète, l'extraordinaire Jan Decleir.
On louera également l'audace du réalisateur dont la mise en scène n'a rien à envier à celle des meilleurs spécialistes américains du genre : bien aidé par une superbe photographie, Van Looy parvient à créer une atmosphère d'une noirceur absolue et sa réalisation se révèle aussi efficace lorsqu'il s'agit de déceler les failles des protagonistes (le tragédie personnelle du flic résumé en un plan fugitif) que de faire parler la poudre dans des scènes courtes mais intenses. Tout juste regrettera-on quelques agaçants tics de montage dont ces flashs dégueulasses qui viennent illustrer les troubles mémorielles du tueur.
Enfin, le métrage a même le courage d'aborder frontalement le thème douloureux de la pédophilie notamment à travers une première scène glauque et pesante qui convoque le spectre de la tristement célèbre affaire Dutroux, véritable traumatisme national.

La mémoire du tueur mérite donc d'être découvert par tous les amateurs de polar qui trouveront leur compte avec ce film captivant qui rivalise sans peine avec les productions d'outre-Atlantique et qui s'impose parmi les classiques du genre sur le vieux continent.