Produit après Les rivières pourpres et avant 36 quai des orfèvres, La mentale se veut dans la lignée du nouveau cinéma de genre qui est apparu au début des années 2000, avec de gros moyens, et des stars à l'image, mais tout cela pour quoi ?
C'est un peu ce qu'on se dit durant les deux heures de projection qui m'ont paru durer le double, avec une énième histoire d'un ancien gangster (Samuel Le Bihan... qui s'appelle Driss !), qui se réinsère dans la société, mais son ancienne vie ne veut pas le quitter. Il replonge donc dans des casses, des vols, un peu contre son gré, pour une spirale de plus en violente qui va le toucher non seulement lui mais aussi famille.
Il est entrainé par son cousin, incarné par Samy Naceri, qui ne veut pas qu'il quitte le milieu, alors qu'il veut se ranger, vivre peinard avec sa compagne qui attend un enfant....
Soyons honnêtes ; si vous avez déjà vu un polar, il est impossible de ne pas devenir ce qui va se passer, et comment tout ça se termine, avec des clichés en veux-tu en voilà, et des dialogues qui sont effroyables, du niveau collège.
Si on retire les mots pédé, connard et frère, on a déjà là un échantillon de ce qui est sans arrêt dans le film, et des personnages caricaturaux au possible ; j'aime bien Michel Duchaussoy et Philippe Nahon, mais faut-il les montrer comme des caïds de la pègre, avec borsalino, longues vestes ou costumes qui les font davantage ressembler à des parrains ? Ou alors Clotilde Coureau, dont la fonction est non seulement de séduire Samuel Le Bihan, mais aussi de cacher des bijoux dans sa culotte ? Car on ne peut pas dire que les femmes soient valorisées dans l'histoire...
Et le pompon de tout cela est le frère du personnage de Samuel Le Bihan, que joue David Saracino, nommé Mel, qui est d'une nullité abyssale : alors déjà, il parle une langue inconnue, fait de verlan, qui m'a obligé à activer les sous-titres pour déchiffrer ce qu'il dit (véridique !), mais on sent qu'il récite bêtement son texte, pas motivé pour un sou... Une horreur !
Quant à la mise en scène de Manuel Boursinhac, on va dire poliment que c'est de la série policière de la fin du XXe siècle, avec une caméra qui bouge très peu, des gros plans incessants, et une mollesse générale qui fait le plus souvent rire, comme ce premier braquage au début du film, où un vigile manipule une barre de ferre, et on sent bien qu'il en fait des tonnes en faisant des moulinets pour dire qu'il est très méchant avec ses gros yeux.
A ma grande surprise, seul Samy Naceri s'en sort plutôt bien, avec ce qui est la meilleure scène du film, qui est une rencontre avec son père.
Mais bon, tout ça ne sauve pas la catastrophe qu'est ce film, et dont l'échec public fut tel que le réalisateur est désormais condamné à la sérié télévisée, et ce fut aussi le début de la fin pour Samuel Le Bihan, qui est désormais porté disparu sur les écrans...