Une palme d’or méconnue, voire oubliée, et pourtant pas vraiment usurpée… La Méprise, d’Alan Bridges, est tiré d’un roman de Leslie Poles Hartley, déjà auteur du roman qui inspira le sublime film de Losey, Le messager… Comme son illustre prédécesseur (palme d’or deux ans auparavant dans le même lieu), ce film se situe dans l’Angleterre victorienne et a pour sujet l’impossible rapprochement de l’aristocratie et du peuple. On pense d’ailleurs plus d’une fois à Losey à travers la mise en scène d’Alan Bridges qui reprend quelques traits du Messager ou de The Servant, autre film sur le même sujet. Les trajets en voiture, les ombres portées, la campagne anglaise sous la pluie sont autant de références utiles à ce rapprochement. Bien sûr, Sarah Miles (déjà interprète de The Servant) n’est pas Julie Christie (loin s’en faut) et surtout Bridges n’a pas le génie de Losey pour restituer une atmosphère et nous entraîner vers des rivages philosophiques… Mais Robert Shaw campe un personnage puissant et digne, qui se laisse peu à peu porter par un rêve fou et la fin du film utilisant la métaphore de cet homme désespéré se heurtant aux murs qui l’enferment dans sa condition sociale est magnifique. Un film à redécouvrir de toute urgence.