Soyons clair, cette réalisation de Jean Delannoy n'est honnêtement pas une réussite, alliant à la fois le côté huis clos aux flashbacks, ceux-ci étant narrés par les deux protagonistes et couple distant Pierre (Jean Gabin) et Madeleine (Michèle Morgan). Le scénario et en particulier la fin du film ne tiennent pas debout, tout comme le déroulement d'une histoire romantique et mal écrite, ennuyeuse et avec une platitude très marquée. Cela est peu original, c'est du déjà vu, une compagne hésitant entre rester avec son mari ou partir avec son amant.
Heureusement, la présence du remarquable Jean Gabin avec l'authenticité de son jeu d'acteur rattrape modestement un long-métrage décevant qui provoque un ennui ascendant tout au long du déroulement de l'intrigue. C'est un peu comme certains succès de Louis de Funès ; si on retire son personnage mélant nervosité et burlesque, le scénario est mou et sans intérêt. Le film part dans tous les sens, ne décolle pas et on sent que les scénaristes ont voulu le clôturer vite et avec une absence d'idée marquante pour la scène finale. Ma seule hâte lors du visionnage était de voir le mot "Fin". Pour illustrer le rôle de Jean Gabin dans "La minute de vérité", je me permettrai d'évoquer une citation de l'illustrateur Roland Topor qui dit : "“Il suffit d'un gramme de merde pour gâcher un kilo de caviar. Un gramme de caviar n'améliore en rien un kilo de merde.”
Je ne m'attarderais pas aussi longtemps sur ce long-métrage et ne travaillerai pas autant le texte que ma critique de "Mélodie en sous-sol", pour le coup un magnifique thriller dramatique, une perle parmis tant d'autres dans la carrière de Jean Gabin, tout simplement car je préfère amplement consacrer mon temps à des oeuvres qui en vaille le détour.
Quoi dire d'autre, excepté que cette oeuvre n'est en aucun cas à la hauteur des palpitantes carrières de nos deux protagonistes, et que malgré les retrouvailles de Jean Gabin et Michèle Morgan environ une décennie après "Remorques", "La minute de vérité" ne casse pas -comme sa note- trois pattes à un canard.