L'incroyable vie d'Edith Piaf est un mélodrame, et Olivier Dahan la met en scène comme tel. Enfance sordide à Belleville, santé déjà précaire, Edith Gassion fréquente ensuite les cafés et les mauvais garçons, chante dans la rue où le dénommé Leplée (Depardieu) la repère et contribuera à faire d'elle la vedette que l'on sait.
Cette première partie du film est probablement la plus intéressante parce qu'elle évoque, sous l'angle d'un misérabilisme stylisé, les jeunes années méconnues d'Edith. La suite est moins surprenante, notamment la liaison tragique, vue et revue, avec Marcel Cerdan. Le film ne manque certes pas d'élégance dans la réalisation, dans la reconstitution des époques traversées (suivant un récit pas tout à fait chronologique), mais sort-on du film en en sachant vraiment plus sur Edith Piaf, au-delà des incidents dramatiques qui jalonnent sa vie?
En réalité, on quitte "La Môme" guère plus édifié que par ailleurs, c'est-à-dire des récits multiformes qui cultivent la légende de Piaf, sur l'oeuvre et, surtout sur la personnalité, l'intimité de la chanteuse. Le point de vue de Dahan est somme toute ordinaire, s'appuyant sur une existence riche et par conséquent un scénario dense, et, en dépit de l'interprétation remarquable de Marion Cotillard, fait passer peu d'émotions, de sensibilité.
Justement, l'actrice aux multiples récompenses est pour beaucoup dans le crédit qu'on peut prêter au film. Transfigurée par le maquillage, elle tient ici un rôle de composition fondé essentiellement sur la ressemblance physique, le mimétisme des gestes, sur l'accent de Belleville et une trivialité de langage qui tranchent avec la voix magnifique su scène.