Peu de temps avant "La patinoire"; Tom Dicillo narrait avec causticité dans "Ça tourne à Manhattan" les contrariétés qui compliquent le tournage d'un film, démythifiant, si besoin, la magie du cinéma. Le sujet de Jean-Philippe Toussaint est analogue et de la même veine humoristique. Il y a du Tati dans son observation d'une équipe de tournage parant comme elle peut aux aléas quotidiens de la réalisation d'un film et, accessoirement, s'évertuant...à tenir debout sur la glace d'une patinoire, théatre d'une mystérieuse histoire d'amour sur fond de hockey.
De glissades en chutes, le patinage mal assuré des protagonistes constitue une métaphore mordante de l'équilibre fragile d'une tournage, en même temps qu'il ajoute, de façon insolite, aux portraits subtils une action burlesque. Des portraits, on en trouve de savoureux ici: les deux vedettes écervelées -Toussaint allant jusqu'à comparer indirectement l'actrice à une cruche! La productrice, espérant le festival de Venise, ou encore le directeur de la patinoire, ancienne gloire du patinage ressassant de rasants souvenirs. Et puis, il y a le metteur en scène (Tom Novembre, excellent), imperturbable et presque lunaire, égaré dans des visions artistiques qui n'évoquent vraiment rien à son équipe.
"La patinoire" est une comédie sans éclat (de voix notamment) prenant à contre-pied les évocations de tournages passionnées. Elle n'en est que plus drôle.