Dark universe's power

«La Momie» est un divertissement plutôt correct qui ne mérite sans aucun doute cet acharnement médiatique. Je pense qu'il faut prendre le film tel qu'il est : un popcorn movie sans prise de tête. Et c'est tout juste ce qu'il est malheureusement.

Me concernant, ça reste toutefois une petite déception compte tenu des bandes annonces qui présentaient un blockbuster ayant plutôt une ambiance sérieuse alors qu'il y a trop de moments d'autodérision, amusants certes mais qui entravent avec cette ambiance tendue ce qui fait qu'ils sont un peu hors contexte. Autodérision qui est d'ailleurs très souvent utilisée en référence à la trilogie mené par Brendan Fraser.

Au-delà de l'autodérision, ma déception est marquée par un gros problème d'écriture, que ce soit au niveau de l'utilité de certains personnages ou encore au niveau des dialogues. C'est uniquement ce problème de scénario qui empiète sur la qualité du film mais hélas ce problème est quand même conséquent.

Tout d'abord concernant les personnages : Russell Crowe bénéficie d'un personnage intéressant mais très mal introduit dans cet univers et c'est dommage puisque le prochain film du Dark Universe lui sera consacré. Ça m'a presque fait pitié de le voir cabotiner dans ce rôle du Docteur Henry Jekyll. Il y a de bonnes idées autour de son personnage : son côté obscur par exemple mais on n'a aucune explication à ce sujet, c'est très vite survolé et ça ne sert que pour un combat. Pour ne pas basculer dans la colère, il doit introduire certaines substances dans son corps mais là encore nous n'avons pas de détails à ce sujet. Russell Crowe essaye tant bien que mal de s'approprier le personnage et de lui donner une âme mais on en sait trop peu sur lui pour bien cerner le personnage mais ça donne tout de même envie de voir le film qui lui sera dédié pour en savoir plus. Par ailleurs, il revient à la fin de l'intrigue comme une fleur alors qu'on ne l'avait plus vu depuis le combat contre Nick, j'ai trouvé ça vraiment trop facile.
Concernant Jake Johnson qui incarne le voleur d'objets précieux Chris Vail, acolyte de Nick Morton, lui aussi a un temps de présence à l'écran trop peu élevé pour qu'on puisse s'attacher ou évoquer ne serais-ce que de l'intérêt envers son personnage.

Même remarque concernant Jekyll : il disparait des radars de l'intrigue au bout d'une heure pour revenir comme une fleur pour la dernière scène... Ces deux personnages, qui auraient pu être intéressants, sont mal gérés et ont des apparitions trop peu nombreuses pour qu'ils nous laissent un souvenir mémorable : c'est dommage.

Pour finir, le deuxième gros point négatif : les dialogues. Non pas qu'ils soient très mauvais mais à vrai dire, ça n'aide pas vraiment à crédibiliser les personnages qui sont déjà en difficulté. Même si on n'est pas venu voir le film pour ses dialogues, on peut s'attendre à mieux car certaines répliques rendent des scènes ridicules, toujours pour exemple la scène dans les toilettes. C'était pour cette fois-ci fait exprès pour intensifier le sentiment d'autodérision mais j'avoue que ce n'est que moyennement passé de mon côté. Disons que les dialogues ne crédibilisent pas certains personnages comme Jekyll alors qu'ils en auraient eu cruellement besoin...

On peut aussi reprocher quelques petits problèmes de montage concernant les hallucinations qu'a Nick qui arrivent de manière trop hasardeuses et les images sont utilisées de manière un peu trop répétitive. Par ailleurs, le montage final du film est plutôt décevant et on sent que Universal a eu la main mise sur ce point car beaucoup trop d’images des bandes annonces (forcément très intéressantes visuellement parlant) sont absentes, comme le gros plan sur le dédoublement des pupilles d'Ahmanet, la destruction d'un immeuble entier par du sable ou encore le gros plan sur le visage d'Ahmanet, recrée dans la tempête de sable qui submerge Londres.

C'en est fini pour les points négatifs même si on peut encore déplorer quelques clichés (love story), quelques incohérences (une voiture s'envole et passe au-dessus des deux protagonistes qui eux ne s'envolent pas à la force du vent) et on peut aussi dire que quelques scènes sont assez lentes (sans être ennuyantes) et ne font pas avancer plus l'intrigue que ça. Le film remplit sa mission de divertir, c'est déjà ça.

Concernant les effets spéciaux, comme à chaque fois que je fais une critique d'un blockbuster, ils sont, pour la plupart, à la pointe de la technologie. Et une fois n'est pas coutume, ils sont encore ici très bons. Pour comparaison, «Wonder Woman», qui est le blockbuster le plus récent, avait quelques explosions qui étaient plutôt brouillonnes alors que là c’est toujours très beau, que ce soit au niveau des explosions en Irak, des tempêtes de sables ou du corps de la Momie qui est plutôt flippante.

Il faut aussi dire que Alex Kurtzman a fait du très bon travail sur ce reboot. S'approprier la saga n'était clairement pas une chose facile compte tenu de la réputation qu'a la trilogie réalisée par Stephen Sommers. Il arrive à instaurer une ambiance tendue, avec du mystère et des screamers réussis, une identité visuelle spectaculaire et une direction d'acteurs très réussie, notamment à propos de Sofia Boutella qui incarne remarquablement une Momie carrément flippante et sale. Tom Cruise est lui aussi très bon dans son rôle, il est toujours gage de qualité.
Il prend aussi des risques comme la cascade de l'avion qui a été effectuée dans les airs à Bordeaux en gravité zéro, ça rend la scène encore plus vivante et c'est toujours appréciable les réalisateurs qui tournent leurs scènes d'action dans des décors réels.

Ce reboot de «La momie» dispose de nombreuses qualités visuelles et narratives mais est plombé par de trop nombreux défauts scénaristiques qui empiètent trop souvent sur le film. Le divertissement est assuré et l'on en a pour son argent, mais il ne faut pas en attendre plus qu'un blockbuster sans prise de tête, sinon l'on risque d'être fortement déçu.

10/20