Avec un minimum de recul quelques semaines après sa sortie dans nos contrées gauloises, il est de mise de remettre les choses à leur place. En effet, après un premier visionnage plein d’espoirs sur une relance solide de l’univers, la déception fut amère. Défilé de stars incessant, un humour de mauvais goût ou encore un budget pharaonique de 65 millions d’euros qui ne se voyait à peine sur grand écran, difficile d’échapper outre une once de déception. Pourtant, après un second visionnage et ayant en tête les principaux défauts du film, ce cinquième volet en partance pour la terre du milieu est très loin d’être si mauvais, bien au contraire. J’avais attribué la note moyenne à mon premier visionnage, je la rehausse volontiers. Je n’avais pas lynché le long-métrage et je ne le ferai pas passer pour un triomphe, mais si on met de côté ses défauts évidents évoqués ci-dessus, il subsiste tout de même suffisamment de qualités sur lequel le film s’appuie pour se targuer d’être à minima un divertissement solide, à commencer par un capital sympathie pour les divers acteurs qu’on connaît et qu’on aime : Audrey Lamy, Philippe Katerine, Jérôme Commandeur, Pierre Richard, Vincent Cassel, Marion Cotillard (qui est bien plus drôle dans son second rôle, à vous de la retrouver) et bien sûr le duo Gilles Lellouche et Guillaume Canet qui relèvent avec brio le défi de reprendre ces rôles mythiques interprétés par Christian Clavier et Gérard Depardieu. Un certain esprit de camaraderie et de fraternité règne en leur duo ce qui renforce leur amitié à l’écran et le plaisir d’y voir leurs chamailleries. Ajoutez à la recette l’hilarant José Garcia, absolument merveilleux dans son rôle et vous obtenez un casting principal solide sur lequel Canet peut s’appuyer. Au-delà de ces grands noms, on comprend que la présence d’influenceurs comme Mcfly et Carlito, Angèle et Zlatan constituent un argument marketing majeur pour Pathé, mais qui font tâche dans un film un minimum sérieux. Le plein d’espoirs était permis lorsqu’on voit comment Canet avec Ne le dis à personne avait su gérer de nombreuses têtes d’affiche en leur proposant à chacun un rôle à la hauteur de leur talent et un temps à l’écran suffisant pour marquer le spectateur. Peut-être qu’en écrivant des rôles plus consistants, la pilule serait mieux passée.
Au-delà des personnages, la motivation de ce nouveau film était aussi de faire dans le spectaculaire et c’est là aussi un bon point de réussite. Même si on aurait aimé découvrir d’immenses scènes de bataille à la hauteur de ses promesses et de voir du grandiose avec de tels moyens, si on apprécie ce que propose le film, on est loin du mauvais film tant décrié. À vrai dire, il commence mal avec une introduction pour le moins frustrante, plate et complètement foireuse qui sonne comme un faux départ : une scène comique puis un flashback tellement long qu’il alourdit le récit dès ses premiers instants, même la voix-off de Darmon qui narre le récit s’en moque. Cette première séquence ne lance pas cette super-production française à 65 millions d’euros d’une bonne manière. Mais à force de se déplacer à travers le globe, en Gaule, à Rome et en Chine avec ses immenses palais, le film se rattrape bien et impressionne grâce à ses décors qui en mettent plein la vue.
Enfin, on sent la volonté de se démarquer des précédents films tout en leur rendant hommage à l’aide de petits clins d’œil, ce qui est tout à fait notable. En globalité, à trop vouloir faire dans le grand public, les producteurs passent à côté de ce qu’ils ont sous la main : des éléments solides comme des techniciens de qualité, des acteurs maintes fois récompensés, un réalisateur talentueux ; tous les ingrédients qui auraient pu faire de cette suite un opus mémorable comme l’a été Mission Cléopâtre en son temps. Ce cinquième opus se contente d’être éminemment divertissent et passant à une allure folle, on était néanmoins en droit d’en attendre plus pour le retour d’une telle saga. On retournera voir le film live de Chabat, en boucle, ou les deux très bons opus animés de Astier.