"I don't like the way Teddy Roosevelt is looking at me."
Voilà ce que j'appelle plus familièrement un putain d'bon film. C'est bien simple, la Mort aux trousses dispose de tous les ingrédients pour être un grand film tout en restant un incroyable divertissement. Ca commence déjà par un générique très moderne sous une musique signée Bernard Hermann qui offre là de nouveau une BO magistrale. Mais deux choses impressionnent surtout dans ce North by Northwest ce sont le scénario et la mise en scène. Le premier est pour ainsi dire un modèle de suspense et d'application. Roger Thornhill, publicitaire sans histoires, est kidnappé par une bande de malfaiteurs qui le confondent avec un certain Geroges Kaplan. S'ensuit alors tout un mystère et une poursuite impitoyable incessante où Thornhill tentera de découvrir la vérité de l'affaire dans laquelle il s'est embourbé. J'ai senti chez Hitchcock comme un malin plaisir à faire souffrir son personnage. En effet on voit Thornhill kidnappé, victime d'une erreur, que personne ne croit, envoûté par une femme mystérieuse... C'est un protagoniste qui morfle véritablement tout en conservant un certain flegme grâce à la classe de Cary Grant. Bon, il ne sait absolument pas jouer le mec bourré mais en tout cas pour le reste il n'y a pas grand chose à dire, le rôle est excellent et psychologiquement développé tandis que son interprète demeure très bon. On retrouve également le grand James Mason solide comme à son habitude, l'envoûtante Eva Marie Saint en femme fatale et le tout jeune Martin Landau en porte-flingue de Mason. Un casting de grande qualité.
La mise en scène quant à elle est d'une efficacité et d'une modernité remarquable. Bon certes on n'échappe aux traditionnels stock-shots à la Hitchcock et des séquences qui ont mal vieilli. Mais vu la gueule de la réalisation globale, quelque part ces petits défauts sont vite éclipsés. On a déjà un rythme effréné d'une incroyable maîtrise qui ne laisse pas de place aux temps morts grâce notamment à un mélange des genres palpitant. Tour à tour, Hitchcock alterne le film d'action, la comédie, le film d'aventures, le film d'espionnage le tout avec une aisance déconcertante. La petite touche d'humour perceptible dans les échanges entre Thornhill et sa mère notamment sont irrésistibles et utilisés avec habileté, disons que ça ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe dans une atmosphère globalement oppressante pour le personnage principal. Le film contient des plans sublimes, notamment ceux à l'extérieur ou à l'intérieur de l'ONU. C'est juste magnifiquement beau. On retiendra également des séquences habilement réalisées grâce notamment à des sens du cadrage et du montage tout à fait intelligents. Le passage de l'avion aura un peu vieilli mais pourtant c'est monté avec génie, pourtant je préfère largement la partie où Thornhill est seul dans les champs et attend la rencontre avec ce fameux Kaplan. On a là tout un suspense, tout un mystère qui instaure un certain malaise. C'est dans ces non-dits et dans cette séquence qui dure pas mal de temps que surgit le véritable génie d'Hitchcock. Cary Grant attend, l'ennemi surgit de manière surréaliste et n'est pas identifiable. On tient là une belle métaphore du danger invisible qui rôde auprès de Thornhill. La transition finale et le symbolisme de la dernière scène tiennent également du génie. Rien à dire, malgré ses quelques défauts, j'ai adoré ce film qui offre une belle leçon de cinéma tout en étant prenant du début à la fin.