C'est l'histoire d'un vieil alcoolique solitaire qui décide, un samedi soir ordinaire à Bucarest, d'appeler les urgences pour un mal de tête ... s'en suit une déambulation nocturne interminable dans le labyrinthe du système de santé roumain.
On s'y attend pas avec un pitch comme ça, mais voilà une épopée époustouflante de 2h30 d'une puissance et d'une ampleur qu'on voit rarement. C'est dingue comment ce film raconte autant avec si peu, simplement en s'attachant à décrire en DÉTAIL son action et ses personnages de façon à nous les faire connaitre de façon intime alors même que c'est dépourvu de toute psychologie.
Avec un naturalisme sec et radical et une écriture magistrale (mais qu'on ne ressent absolument jamais), Puiu sature ses plans de vie et de réel, et crée une histoire d'une richesse incroyable alors que tout ce qui y est raconté est absolument banal (pour les personnages en tout cas). La preuve en est toutes les interprétations qui sont faites du film à droite à gauche comme si c'était du Lynch : film social sur la Roumanie, sur la solitude, sur l'amour, sur la mort, on peut le voir aussi comme un simple thriller. Oui le film est bien tout ça, mais bien plus encore : c'est vraiment un film sur l'existence humaine. Au final, on aura vu tout au long de ces 2h30 cette humanité étrange et lointaine qui vit, qui parle, qui a ses petits problèmes et ses petites amourettes, qui tombe malade, qui guérit ou qui meurt.
Ça n'épargne jamais le spectateur mais c'est jamais sinistre : c'est au contraire un regard drôle et tragique sur l’existence humaine, vaine et vouée à inévitablement mal finir alors autant en rire (un peu) avant d'en crever.
PS : c'est sur netflix, alors vous pouvez pour une fois, au lieu de cliquer sur une série de merde, vous faire un grand film