Un soir, Dante Lazarescu, un homme de 63 ans qui vit avec ses trois chats, se sent mal. Sans médicaments pour soulager sa douleur, il demande l'aide de ses voisins, jusqu'à ce qu'une assistante médicale arrive et constate que le mal de cet homme est plus important que prévu, au point de partir à l'hôpital lui faire passer des examens.
La perspective de suivre pendant 150 minutes, en quasi temps réel un homme se sentir de moins en moins bien, jusqu'à arriver au titre, a de quoi décourager, j'en conviens. Mais pourtant, porté par la force de son symbolisme, j'ai trouvé ça formidable, voire bouleversant.
Tout comme le nom du personnage, le film se réfère très souvent à la Divine Comédie, car Lazarescu va être trimballé d'hôpital en hôpital, où des médecins sceptiques sont du genre à ne pas croire à ses maux, qui pourraient autant d'épreuves en traversant un Styx à échelle humaine, jusqu'au final, qui n'est pas tout à fait celui du titre, et qui va être une préparation au dernier voyage. D'ailleurs, cette assistante médicale peut être vue comme une sorte de guide.
Dante Lazarescu n'est pas un personnage aimable, envoyant bouler ses voisins, mais il a une hygiène de vie assez déplorable, et des séquelles physiques, notamment des varices, qui le poussent plus facilement, malheureusement, à ce qui sera un voyage sans retour. Qui en dit sûrement long sur l'état de santé en Roumanie, mais aussi sur l'épreuve morale et physique que traverse ce personnage, admirablement joué par Ioan Fiscuteanu (qui d'ailleurs décèdera moins de deux ans plus tard). Car plus ça va, plus son état de santé va se dégrader, et on le sent peu à peu partir, et délirer...
C'est clairement un film difficile, qu'on sent filmé par une sorte d'urgence, d'où cette mise en scène constamment caméra à l'épaule, mais il s'en dégage paradoxalement une forte puissance émotive, où j'en suis ressorti touché.