Diatribe d’acide sulfurique contre le régime stalinien, sous ses fausses aires de bonne comédie à la SNL le film de Iannucci délivre une satire moins loin des caricatures que du formalisme théâtral propre a ce genre de film chorale, taillé pour ses comédiens. Sous la forme de performances d’acteurs de tragi-comédie et de cinéma réalité La mort de Staline sans etre inoubliable a le mérite de dépeindre les heures mal connues de l’homme le plus puissant de son temps et le plus craint aussi. Cet House of Cards au Kremlin est une scene de petit théâtre de marionnette ou les leaders de l’URSS a la fois attristé et soulagé de la mort du tyran rouge sont prêt à toutes les horreurs pour parvenir au siège supreme désormais vacant.

L’intérêt du film tient de sa premiere demi-heure, après une petite présentation efficace de la terreur stalinienne et du caractère de ses proches, de l’abominable Beria, au complice bête et méchant Malenkov, le triste Molotov et le mielleu Khrouchtchev. A la suite de l’accident vasculaire qui sera fatale à Staline, la bataille pour le trône commence, les camps sont immédiatement visibles, d’un coté celui du chef de la police Beria et de l’autre Khrouchtchev qui en restant dans l’ombre complote aussi bien que l’armée derrière le maréchal Joukov.

Fausse comédie mais véritable satire politique, l’ambiance carton pate de cette Russie réussi dans l’irrévérence de son portrait du monde communiste en vérité un miroir tendu à l’Amérique dont les frontières et a son peuple. Suivre ses personnages aussi grotesques que médiocre, se pavanant dans un theatre à la hauteur de l’Histoire, complotant pour une place qui ne promet rien d’autre que les trahisons et les revers comme l’apprend à ses dépens Malenkov. Soutenu par cette atmosphère bidon et suffocante a force de nous plonge dans ce que le régime stalinien avait de plus noir, la comédie savante laisse place a une moralisante histoire sur la volonté de pouvoir, dans un vaudeville l’amant serait battue par sa femme par sa maitresse, ici il est assassiné, pendu et brulé en public. Le spectacle réel de l’ère stalinienne dans toute sa violence, son ignominie (Le gosse qui dénonce son père) et de l’autre ses hauts dignitaires tous sales et méchants, idiots et ivrognes, des porcs dont un plaisir immense à se moquer et c’est là l’atout du film. On les déteste tant que le moment vient ou ils se confrontent à leur propre médiocrité pendant une présentation funéraire de Staline devant le peuple, les voila tous figé comme des statues du musée Grévin, dégoulinant d’ambition et de traitrise obligé d’afficher un visage aussi avenant qu’hypocrite, ce n’est pas le bolchévisme qui est démonter ici mais bien l’entièreté de la classe politique. Le film pourrait aussi bien hurler « tous pourris » qu’on n’y verrait que du feu tant c’est flagrant. Malin, cocasse, politiquement incorrect, La mort de Staline est un film intéressant pour ce qu’il dit de notre époque plus que pour son portrait peu original de l’URSS de 1953. Si l’étiquette de comédie est un mensonge publicitaire (fausse propagande) il faut lui admettre qu’il ne manque pas d’intérêt, surtout pour voir cette extraordinaire brochette d’acteur dans des rôles outrancier, leur permettant une liberté de ton et de jeu que ne peut voir que sur scene ou dans un cinéma burlesque, ce que tente de faire le film. A vous de juger sur ce point.

Créée

le 30 mai 2022

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