La mort du Dieu serpent (2014) est un documentaire à la fois intriguant et qui questionne. Damien Froidevaux filme ici la descente aux enfers de Koumba, une jeune sénégalaise arrivée en France à l’âge de 2ans et qui se retrouve contrainte de retourner dans son pays d’origine (qu’elle ne connaît absolument pas, elle n’a d’ailleurs jamais quitté l’hexagone).
Expulsée de France suite à une bagarre qui a mal tournée, Koumba se retrouve dans l’obligation de « rentrer chez elle ». Pourtant, en France Koumba était chez elle, pour y avoir passé toute son enfance et son adolescence. Mais n’ayant jamais fait les démarches pour obtenir la nationalité française à sa majorité, la turbulente jeune femme de 20ans se retrouve devant la justice suite à une altercation de trop et en paie le prix fort (son expulsion a été violente, puisqu’elle s’est faite en 48 heures).
La parisienne se retrouve donc du jour au lendemain en plein cœur d’un petit village sénégalais au beau milieu de la brousse, loin des siens et doit se réinventer une nouvelle vie. Et inévitablement, elle détonne dans le paysage africain, avec son franc parlé, elle rejette de toutes ses forces l’Afrique & ceux qui l’entour et n’aspire qu’à une chose, rentrer en France. Mais sans ses papiers, il est impossible pour elle de faire ses démarches. Encore plus lorsqu’elle tombe enceinte et qu’elle doit faire signer un papier pour que le père de son enfant accepte qu’elle quitte le pays.
Koumba traverse les épreuves tant bien que mal, mais le fossé culturel est tel, qu’il n’est pas facile pour elle comme pour ses hôtes, de se faire comprendre et de s’acclimater (comme en témoigne cette altercation dans une pirogue où elle lâche un « pays de sous-développés » en parlant du Sénégal). 5 ans durant lesquelles le réalisateur aura suivi la jeune femme au grès de ses sautes d’humeur, de ses déconvenues et de ses nombreuses malchances. Un exil forcé qui lève le voile sur une incroyable histoire, un destin tragique et un magnifique portrait.
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