En seulement trois films, Luciano Ercoli aura su imposer sa patte dans l'univers du Giallo en combinant avec plaisir comédie et thriller. Encore et toujours avec l'omniprésence de sa femme et muse Susan Scott au casting, La Mort marche en talons hauts est un giallo de bonne facture, rythmé et surprenant.


Jusqu'alors invisible en France, l'œuvre de Luciano Ercoli a eu droit à un joli coup de pouce des éditeurs en cette année 2022 avec la sortie de ses trois giallos, qui furent aussi ses trois premiers films : Photos interdites d'une bourgeoise (1970) chez Le chat qui fume, ainsi que chez Artus, La Mort caresse à minuit (1972) et donc La Mort marche en talons hauts (1971) qui suit entre Paris et la campagne anglaise, la persécution de la strip-teaseuse Nicole pour une sombre affaire de diamants. Sans être un maître du genre, Ercoli aura toutefois signé trois titres clairement au-dessus de la moyenne notamment grâce aux scénarios alambiqués du spécialiste Ernesto Gastaldi (L'étrange vice de Mme Wardh, La Queue du scorpion...). Présent sur les trois films il excelle encore ici avec un retournement de situation inattendu, et osé, à la moitié du récit, transformant le giallo typique et sensuel proposé jusqu'alors en une sorte de Cluedo, multipliant les nombreux coupables potentiels, le tout teinté d'humour « british ».

Une seconde partie plutôt réussie grâce à la présence de Carlo Gentili qui interprète un inspecteur britannique aussi comique qu'incompétent... puisque c'est un énième twist de Gastaldi qui viendra réparer l'erreur judiciaire qu'il allait commettre ! Parmi les protagonistes on retrouve d'autres transfuges des gialli de Ercoli comme Simon Andreu en suspect idéal porté sur la bouteille, l'inquiétant Luciano Rossi en majordome pervers ou encore Claudie Lange en femme jalouse... ressemblant à s'y méprendre à sa « remplaçante » jouée par Susan Scott !



LES YEUX DE LA PEUR


Autre élément incontournable de la qualité du triptyque giallesque de son mari, l'actrice espagnole, qui porta le nom de Nieves Navarro jusqu'en 1969, est de nouveau amoureusement filmée, notamment lors d'agréables scènes de strip-tease rappelant Barbara Bouchet dans Milan calibre 9, la virtuosité en moins. Séductrice et désinvolte, elle illumine le film et en est l'attraction principale.

Avec son tueur aux yeux bleus, des lentilles de contact, un cambrioleur aveugle ou encore un médecin oculiste bien campé par Frank Wolff (Salvatore Giuliano), Ercoli et Gastaldi nous interrogent aussi sur ce que nous voyons, ou croyons voir, via différents angles de vues (caméra, télescope, trou de serrure...) et gros plans sur les regards. Grâce à une bonne direction d'acteurs, une pointe d'ironie et un rythme qui retombe peu malgré la durée du film, La Mort marche en talons hauts (aussi connu sous le nom de Nuits d'amour et d'épouvante) s'avère donc un giallo plaisant, même si les amateurs pourraient regretter un érotisme soft ou encore des meurtres rares et peu sanguinolents.


Considéré comme « une réussite à (re)découvrir » par Frederic Pizzoferrato dans son Étude en jaune, le deuxième film de Luciano Ercoli enrichit donc la belle, et de plus en plus imposante, collection Giallo de Artus ! Espérons désormais que l'intérêt de éditeurs pour le réalisateur disparu en 2015 se porte désormais sur ces autres œuvres oubliées comme par exemple le bon polar La Police a les mains liées, sorti en 1975...



Retrouvez l'évaluation de la partie technique du Blu-ray sorti chez Artus par ici : http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=7146

Créée

le 9 déc. 2022

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