Highway to Hellman

Je ne connais pas vraiment Monte Hellman en tant que réalisateur, mais la perspective d'un western avec Jack Nicholson m'a assez intéressé. J'ai lu que Quentin Tarantino le considérait comme culte, pourquoi pas ma foi. J'avoue être un peu septique, surtout lorsque l'on connait les goûts parfois très douteux de l'ami Quentin. Mais passons.

En résulte un film assez inattendu. Je m'attendais à un western classique, quelque chose reprenant une forme héritée de Hawks voire de Ford. On se situe plus ici vers Peckinpah, même si de manière générale le film est assez libre. On sent que la mise en scène a du sens, mais malheureusement elle semble assez hasardeuse, assez mal maitrisée. Certes, on est dans une série B, Hellman n'a pas les mêmes moyens que Peckinpah. Mais quand on voit ce que Rafelson réalisait quelques années plus tard avec Five Easy Pieces (bien que celui-ci ait sensiblement plus de moyens), on est en mesure d'exiger un peu mieux. Mais bon, rien de catastrophique, sauf des caméras subjectives pas très bien maitrisées (ni même efficaces artistiquement parlant) et vers la fin avec quelques ralentis bien dégueulasses, on sent qu'Hellman voulait du ralenti sans pour autant disposer de caméras à vitesse variables. Peckinpah du pauvre, à nouveau ? La musique est à l'image de la mise en scène : elle ne s'inscrit pas dans un genre classique ou même nouveau (Morricone quoi), c'est quelque chose de plus expérimental. Pourquoi pas, à la rigueur.

Durant toute la première partie du film, j'ai attendu l'arrivée de Nicholson. Non pas que les autres acteurs m'emmerdaient, mais un peu quand même. C'est certes tout plein de mystère qu'on comprend pas, mais ça reste assez maladroit et pas interprété de manière folichonne. Et un peu trop con parfois, avec certains aspects héritées des structures classiques du western et de leurs personnages. Le personnage de Nicholson arrive, chouette ! Hum, plus intéressant son personnage déjà. Et l'arrivée de ce nouvel élément créé une certaine alchimie entre les personnages qui génère un regain d'intérêt, jusqu'au dénouement final, qui laisse à réfléchir. Finalement, l'écriture part d'une structure classique pour s'affranchir ensuite des caractéristiques du genre ou des diverses influences possible. C'est pas plus mal, en ce temps-là, d'arriver à se détacher de Leone ou Peckinpah.

Finalement, on sent le film qui contient plusieurs bonnes idées, mais qui reste bridé par son manque de pognon, le catégorisant finalement de manière un peu injuste en série B. Une série B qui est donc un peu chiante parce qu'elle est série B, alors que potentiellement ça pourrait être quelque chose de fort. Après, ça rajoute peut-être du charme de se dire que c'est fait sans moyens (ce qui est souvent une "solution" pour s'affranchir de certains codes), je ne sais pas. En attendant, je n'y ai pas vu l'aspect culte. Avant-gardiste peut-être (notamment par rapport à quelques westerns crépusculaires plus modernes), pas pour autant culte.

A revoir dans quelques années peut-être. Faut dire que mes conditions de projections étaient pas idéales, la copie était pas en très bon état, le son assez dégueulasse, et surtout l'image n'était pas au bon format. Et le 1:33 pour ce genre de film, ça me fait un peu badder tant c'est moche comme format (Fritz Lang me tuerait pour avoir dit cela, je sais).