La mouche est un film sur la folie qui nous pousse à dépasser les limites du croyable et de l’irréel. Cronenberg nous raconte l’histoire de Seth Brundle, joué par l’excellentissime Jeff Goldblum complétement habité par son personnage de physicien presque asocial. La solitude de cet homme qui tombera amoureux d’une jeune et jolie journaliste lui vaudra son aliénation face à ses recherches. Sa créativité, sa volonté de transgresser les limites de l’humain le poussera à perdre son humanité. L’humain qui cause la chute de l’humain, l’esprit qui déchiquettera la chair, la chair qui en devient presque organique pour ne faire qu’un avec l’humain. Nous sommes bien chez Cronenberg. Ce physicien, de par son imagination nourrit la science avec cette invention sur la téléportation, et inversement à sorte découverte, la science transfigurera cet humain, pour en faire un être différent suite à une mauvaise manipulation durant l’expérience. Il deviendra presque un super héros comme Spiderman avec son araignée, avec des particularités physiologiques supérieurs, à l’image de cette scène gore du du bras de fer. Son ADN se codifiera avec celui d’une mouche. Suite à la cela, on verra le combat d’un homme, d’une chose si je puis dire, qui fera tout pour conserver sa part d’humanité. Et c’est là où le film prend son envol, pour devenir un spectacle d’une émotion destructrice. On le verra se changer petit à petit en mouche avec des poils qui poussent, puis des dents qui tombent, puis les ongles qui s’arrachent et ainsi de suite. Cronenberg, derrière cette histoire presque ludique en se jouant des genres avec sincérité et minimalisme, offre un spectacle horrifique effroyable aux effets spéciaux, qui n’ont pas pris une ride, et qui tétanisent le spectateur durant de longues minutes à la vue de ce visage qui se liquéfie à vue d’œil. La mouche s’avère être une magnifique histoire d’amour, ce lien sentimental qui bouillonnera, qui vivra jusqu’au dernier regard, jusqu’à la dernière lueur d’espoir malgré la transformation d’un visuel écœurant. L’humain qu’il était plus n’a jamais disparu dans les yeux de sa bien-aimée. La mouche, qui s’apparentait à un simple film fantastique, deviendra au fil des minutes un véritable film dramatique au pessimisme dévastateur, présentant l’échec existentiel de Seth Brundle.