Aging mule
Alors qu’il n’avait plus joué devant sa propre caméra depuis 10 ans (Gran Torino), laissant la place à d’autres personnage en phase avec sa représentation bien trempée du héros à l’américaine, Clint...
le 24 janv. 2019
101 j'aime
4
En 2008, Eastwood proposait l'un de ses longs-métrages les plus touchants avec Gran Torino. On aurait juré voir l'œuvre définitive d'une des dernières grandes figures du cinéma américain . Convoquant les spectres de ses incarnations passées (l'inspecteur Harry, Frankie Dunn entre autres), l'acteur/cinéaste semblait signer l'épilogue d'une légende bâtie sur plusieurs décennies. Dix ans plus tard, cette même impression refait surface pour La Mule. Et si Eastwood livrait son commentaire le plus introspectif en contant l'histoire d'Earl Stone (librement adapté d'un fait divers datant de 2011)? Celle d'un vieil homme essoré par l'avènement du numérique qui a broyé son commerce d'horticulture. Il doit se résoudre à devenir passeur de drogues pour le compte d'un cartel mexicain afin de conjurer ce malheureux coup du sort. Il n'est évidemment pas interdit de faire un parallèle sur la place de Clint Eastwood au sein du paysage cinématographique actuel.
Le réalisateur octogénaire apparait comme un héros romantique qui a su tracer sa route malgré les transformations radicales d'une industrie qui en ont laissé plus d'un sur le carreau. Cette analogie (évidente) se refuse pourtant à être la conclusion funèbre que les diverses bandes-annonces laissent craindre. Toujours aussi malicieux, le roc Eastwood n'a rien perdu de son humour incisif, et on passe une bonne partie du film avec la mine réjouie. Il y a de quoi, en voyant ce bougon et bon vivant papy Earl Stone faire son bonhomme de chemin, laissant pantois les cartels autant que la DEA. Avec la malice qui le caractérise, Eastwood emballe certaines séquences avec une drôlerie communicative. Pour autant, le cinéaste signe également la touchante échappée d'un homme qui n'entend pas s'arrêter d'avancer, quand bien même il se sait au bout du chemin. Donc oui, le cinéaste jette un coup d'œil dans le rétro mais ça ne signifie pas qu'il compte pour autant arrêter de regarder devant lui. Avec La Mule, Eastwood ne signe donc pas le requiem pontifiant qu'on attendait, mais le portrait d'un homme qui a toujours sa place même dans un monde qui le dépasse.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2019
Créée
le 25 juil. 2019
Critique lue 226 fois
2 j'aime
D'autres avis sur La Mule
Alors qu’il n’avait plus joué devant sa propre caméra depuis 10 ans (Gran Torino), laissant la place à d’autres personnage en phase avec sa représentation bien trempée du héros à l’américaine, Clint...
le 24 janv. 2019
101 j'aime
4
J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...
Par
le 26 janv. 2019
83 j'aime
4
Qu’as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ? Paul Verlaine, Sagesse (1881) Earl fait faillite. Tous ses biens sont saisis. Il ne peut se...
Par
le 3 févr. 2019
51 j'aime
Du même critique
Peut-on partir avec un avantage si l'on décide d'aller voir l'adaptation d'une œuvre matrice dans la littérature ? Oui, en ne l'ayant pas lue. Il n'est pas toujours aisé de jongler entre...
Par
le 15 sept. 2021
66 j'aime
8
Dur d'échapper à son rôle phare. Propulsée sur le devant de la scène avec le rôle d'Amy dans le d'ores et déjà classique Gone Girl réalisé par David Fincher, l'actrice Rosamund Pike n'a pas ménagé...
Par
le 20 févr. 2021
60 j'aime
Huit mois, ça peut être un vrai obstacle à la compréhension à l'ère du streaming et du binge-watching. Tout spécialement si vous vous lancez dans la suite d'un film pas très fameux, et que cette...
Par
le 13 déc. 2023
56 j'aime
7