Grand fan de l'oeuvre de Paul Auster, je souhaitais absolument voir l'adaptation de ce qui est pour moi son meilleur roman.
Vu la confidentialité de ce film, je n'en attendais pas une révolution. J'étais cependant curieux de voir comment le réalisateur s'en tirerait, comment il s'y prendrait pour rendre compte de l'intériorité qui se dégage du livre.
Mais dès les premières minutes, j'ai déchanté. Toute la première partie du roman, au cours de laquelle le personnage principal prend la route au lieu de prendre sa vie en main, fuit son passé en même qu'il s'éloigne d'une vie "rangée", toute cette partie, donc, passe à la trappe.
On se dit qu'avec un peu de chance, c'est un effet de style et qu'un flashback nous y mènera à un moment ou à un autre, mais non.
On commence donc par la rencontre entre Nash et Pozzi. A partir de là, le film suit assez rigoureusement le livre, et c'est assez plaisant de voir la représentation que le réalisateur s'est fait du monde d'Auster.
On retrouve du coup les dialogues, les situations sans trop de surprise, mais sans génie non plus. Car si la réalisation sait se faire assez discrète, on la remarque quand même parfois pour son aspect daté, qui touche un peu à côté. Rien de rédhibitoire non plus, juste quelques fausses notes, notamment dans le rythme. Par exemple, les transitions sont assez mal assurées entre les scènes, ce qui provoque comme un manque. On manque de temps pour assimiler les conséquences d'une scène importante, on voudrait une respiration entre certaines autres. On sent un montage un peu brutal, là où le roman savait doser justement les moments de calme et les moments de tempête.
Ca peut paraître du chipotage de parler de ces détails, mais pour moi, cela à provoqué un problème plus vaste. Car sans ce genre d'instants, on passe son temps à se demander pourquoi les personnages réagissent ainsi. Pourquoi ils ont tout d'un coup un accès de colère, ou pourquoi, au contraire, ils restent aussi calmes. Parallèlement, les acteurs ne sont pas toujours au niveau non plus, ce qui ne fait que renforcer ce sentiment.
On en revient du coup à cette première partie manquante. Car elle seule permet de comprendre pourquoi Nash propose le marché qu'il conclu avec Pozzi, pourquoi il accepte celui de Stone et son accolyte, pourquoi ça l'arrange presque de ne pas avoir à retourner à une vie normale.
Au final, pendant tout le film, j'essayais de penser à ce que pourrait être une bonne adaptation de ce roman. Quel rythme devrait être adopté, sur quelles partie on devrait insister, s'il faudrait opter pour une voix off ou plutôt pour de longs silences.
Bref, en voyant ce film, j'ai rêvé d'un autre. Dommage.