Thriller à étapes nous faisant voyager de New York jusqu'en Europe, La Neuvième Porte possède malheureusement de nombreuses baisses de rythme et une atmosphère que l'on qualifierai de nonchalante et qui pourrai bien perdre les spectateurs les plus impatients. Certes un poil trop longuet, le film porte néanmoins la patte de Polanski : sa façon de balayer une pièce gracieusement avec sa caméra, sa photographie suintante de mystères, son goût prononcé pour le bizarre et le surnaturel sans ne jamais tout dévoiler d'un claquement de doigts...
Le réalisateur de Rosemary's Baby filme donc un Johnny Depp très naturel, parfait en expert de livres rares arnaqueur et direct, délaissant fioritures et politesse pour aller droit au but. Un chasseur de trésor moderne qui va, comme tout bon aventurier, se retrouver mêlé à de violentes péripéties auxquelles il se serait bien passé. Accompagné malgré lui d'une étrange jeune femme anonyme (Emmanuelle Seigner, Madame Polanski), notre héros va s'enfoncer de plus en plus dans la bouche du diable, pas certain de pouvoir jamais en revenir...
S'il comporte donc des lenteurs malvenues, quelques séquences dispensables et parfois même des incohérences (notamment ces disparitions impromptues de ce sidekick féminin, réapparaissant comme un cheveu sur la soupe à tel ou tel moment), La Neuvième Porte demeure néanmoins un très bon thriller teinté de fantastique lugubre et intrigant qui ne restera pas forcément dans les mémoires mais conservera cependant cette volupté rare que l'on observe peu dans le cinéma de genre.