Ousmane Sembène, dans son premier long métrage de 1966, qui est parfois considéré comme le premier long métrage réalisé par un Africain, distille une vaste gamme de crises historiques et d'ambitions frustrées en un drame intimiste et carrément réaliste. Ses images ont la froide fureur d'un acte d'accusation. Ses plans ironiques du paysage français et ses citations astucieuses de la Nouvelle Vague suggèrent que sous les charmes naturels et culturels de la France se cache un racisme bilieux lié au colonialisme. Des flashbacks sur les premiers jours de Diouana dans la capitale Dakar dépeignent la futilité de l’indépendance nominale de la France sans une authentique renaissance politique et artistique africaine, pour laquelle ce film à petite échelle était un pas de géant.