La Nonne
4.1
La Nonne

Film de Corin Hardy (2018)

La Nonne ! Je vais dire tout de suite ce que je pense du projet. C'était THE film d'horreur que j'attendais le plus cette année. Pas Hérédité, pas le nouvel Halloween, non. La Nonne. En effet, c'était le démon Valak que les Warren ont affronté dans Conjuring 2 et son apparence de religieuse démoniaque avait un grand potentiel. Plus que la petite poupée Annabelle. Du coup, un film qui allait nous en apprendre plus sur le démon Valak et pourquoi il arborait cette apparence face à Lorraine, j'étais totalement pour. Mais le film est sorti, les critiques sont tombées et je me suis mis en mode : sauvons le film. Résultat...ce n'est pas la bouse attendue mais franchement, c'est une déception de taille.



Le cinéma de Corin Hardy



Je ne connais pas le réalisateur Corin Hardy ni son précédent film The Hollow. Et autant dire que sans être du niveau de certains cinéastes d'horreur contemporains, sa mise en scène est parfois inspirée. Cela reste classique les 3/4 du temps et on sent qu'il a parfois du mal à instaurer une bonne ambiance de film d'horreur, allant jusqu'à faire des fusils de Tchekov gros comme une maison voire littéralement


On n'a pas besoin de nous montrer que Frenchie regarde un fusil pour signifier qu'il va revenir !


Ou faire des jump scare peu inspirés. Mais là où le film me pose problème, ce sont les clichés de mise en scène. Il y en a beaucoup trop. Et le plus gros de tous les clichés c'est ce que j'appelle l'élément visible par le spectateur.


Je ne critique pas la scène présente dans les trailers car oui,elle est vraiment clichée, mais dans le film elle est l'un des rares éléments qui fonctionnent. Non, je parle du reste : les croix qui se mettent à l'envers alors qu'aucun personnage ne les remarque, la sonnerie des tombes pour désorienter Sœur Irène (alors qu'il aurait été plus simple d'aller dans la direction où la sonnerie a retenti en premier) , le changement de musique passant de l'horreur à l'héroïque et les rêves de Frenchie et du prêtre qui ne servent pas à grand chose au final.


Mais le pire est la célèbre séquence du "mais en faite tout n'était qu'une vision !". Cela m'a vraiment agacé parce que cette séquence était très cool en terme de mise en scène (malgré certaines choses que j'ai exposées, faut pas croire qu'elle était parfaite) et d'histoire. Ok, elle engendre une grande incohérence avec ce qui a été montrée dans le film précédemment dont j'y reviendrai plus tard. Mais en terme d'exposition, d'ambiance et de mise en scène, elle était cool ! La musique est énergique, la réalisation est très classe, on a une bonne partie où on apprend beaucoup sur Valak et sur le couvent. Bref, il n'y a majoritairement que des bonnes choses. Pourquoi faire passer toute la séquence comme étant une vision de la Sœur Irène ? C'est totalement illogique ! Surtout qu'elle interagit trop bien avec les protagonistes pour qu'on fasse passer toute la séquence pour une vision. Et si on me dit : "Oui mais comme ça elle en apprend plus sur Valak ! Et ça permet d'expliquer les scènes bizarres du début !" Et là je vais devoir spoiler :


D'une part au début Sœur Irène et le père Burke entre et rencontre la mère Abbesse (qui est Valak évidemment). Sœur Irène expose le faite qu'ils sont dans un couvent où on pratique le vœu de silence. Ok, là c'est une affirmation plus qu'une supposition. Du coup, pourquoi aucun des 2 ne se sont demandés comment se fait qu'ils ne voient que la mère abbesse et pas les autres, où pourquoi aucun des 2 n'assistent à l'office des vêpres ? Pour ce qui ne savent pas car on est tous laïc, l'office des vêpres est un office chrétien auquel tout le monde est invité à y assister où on médite sur les Psaumes et le Nouveau Testament. En vrai c'est l'une des principales liturgies des heures qu'effectuent l'Eglise catholique depuis des millénaires et plus particulièrement les moines où c'est un rite obligatoire. Du coup, c'est vraiment bizarre qu'aucun d'eux n'ait la présence d'esprit d'y assister. Mais bon admettons qu'ils ne peuvent pas. Pourquoi, lorsque Sœur Irène rencontre les religieuses, elle ne se demande pas pourquoi le couvent ne soit pas comme elle le pensait, un couvent avec des religieuses qui n'ont pas fait vœu de silence, mais de solitude (avec une qui a fait vœu de louange perpétuelle, moi même je ne savais pas que ça existait). Réponse du film, c'était une vision !


sérieusement, s'il fallait tout justifier par ça le cinéma s'en porterai que trop bien


Et maintenant que j'y pense, puisque c'était une vision, du coup comment elle interprète le fait que dans cette vision, Valak ait marqué un pentagramme sur son dos et que dans cette logique, son haut ne soit pas déchiré


Du coup, je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas assumé le fait que tout ce qui c'était passé n'était pas une vision


et donc qu'il y avait une vraie communauté là bas. Bon cela poserait aussi la question du pourquoi une communauté se risquerait d'être non loin de la tombe d'un démon, mais ça expliquerait la présence des 2 religieuses du début et de leur but.


L'autre gros problème du film est qu'en réalité il ne se veut pas être un film sur Valak ou la Nonne. Il veut être un spin-off de Conjuring 2. Constamment, le film rappelle qu'il est un spin-off de Conjuring au point qu'il intègre des images des 2 films de la saga juste pour les relier ! Je veux dire, ça ne sert à rien. Ce n'a fait qu'alourdir le film. A moins que les personnages des films ont une importance dans le film ou que le film a une incidence de la saga, tu fais ce que tout le monde reproche parfois même à tort au MCU. Sauf que là c'est pire car l'histoire et les personnages sont constamment dans l'ombre de Conjuring alors qu'ils pouvaient très bien se suffire à eux mêmes. Ce qui permet de dire :



Le film est malheureusement trop mal écrit



A cause de l'ombre constante de Conjuring, le film en terme de scénario et d'histoire est mal écrit. J'ai déjà parlé de plusieurs problèmes précédemment, mais il y en a d'autres comme le développement des personnages. On parle de Valak dont le pouvoir est de faire ressortir les peurs et les démons de chacun. Problème, il ne le fait que pour le prêtre. Pour Frenchie, il ne fait juste peur et pour Sœur Irène c'est pareil, mais avec un coté affrontement physique (mais bon on va y revenir sur les personnages). Ce qui est bête parce que la mythologie de Valak est paradoxalement bien introduit ; on en apprend pas mal sur le démon et en réfléchissant bien , on sait pourquoi elle prend l'apparence d'une nonne. Mais le film exploite bien trop mal les possibilités du film et son potentiel


Pourquoi ne pas aller plus loin dans l'aspect Pacte de Faust ? Dans la justification de l'apparence de Valak, exploité plus le personnage de Sœur Irène


Le pire est que les personnages auraient pu être tués bien plus vite dès le début du film, mais l'histoire tombe dans le piège qu'il faut à tout prix que les héros survivent. C'est fatigant au bout d'un moment car les personnages sont ici en effectif plus réduit et ça rend encore plus inutile de justifier toute la séquence par le prisme d'une vision. Et je ne parle pas du climax final, tout aussi incohérent et bourré de facilités.


comment elle a fait pour boire le sang du Christ alors que dans un plan, on la voit vraiment se noyer


Et aussi de tentative d'accomplissement raté (je ne vois pas en quoi le fait qu'elle prononce enfin ses vœux avant l'affrontement apporte de plus ou de moins. Cela aurait été plus logique que ses vœux soient véritablement un accomplissement en récompense de ses actions après avoir affronté le démon.). Du coup, ça ne marche pas du tout. Et avec tout ça je n'ai même pas parlé des personnages.



Mary Sue, Anti Sue et Sidekick



Bon ok. Les acteurs sont cools. Même si je ne les ai pas vu dans beaucoup de bon films


Taissa Farmiga, en plus d'être la sœur de Vera Farmiga, l'héroïne des Conjuring est aussi une habituée de l'horreur (elle a joué dans les American Horror Story et a joué dans le trop surestimé The Bling Ring). Elle joue bien le personnage de la religieuse novice Sœur Irène (oui on apprend tardivement qu'elle s'appelle Sœur Irène) et aurait pu être un personnage intéressant (une religieuse sans cesse considérée comme étant une novice et qui a tout à prouver, bonne idée sur le papier). Problème, c'est une Mary Sue (gentille avec les enfants, possède des visions, recommandés par le Vatican à cause de ça, elle ne subit quasiment rien de dramatique dans tout le film et c'est à elle qu'on confie le sang du Christ).Ok , il y a un passage à la fin où elle est véritablement mise à l'épreuve...mais c'est tout.


Le Père Burk (Demián Bichir d'Alien Covenant et des 8 Salopards) dans le film est l'archétype même du prêtre- exorciste badass torturé...mais qui se fait avoir facilement et ...qu'au final ne sert à rien. Ses exorcismes sont ratés, il est constamment assommé et tout ce qui nous fait avancer dans l'intrigue est qu'il a eu un exorcisme qui l'a marqué par le passé et que Valak le lui rappelle constamment.


Frenchie alias Maurice à la fin du film (alias Jonas Bloquet qui est un acteur belge...dans ce cas pourquoi lui faire dire qu'il est québécois dans le film cela aurait été une bonne référence à Agatha Christie de lui faire dire qu'il est belge) est sympathique mais est limité comme étant le beau don jouant qui veut draguer au début sœur Irène, le sauveur et aussi le sidekick rigolo (évidemment).


Mais le personnage qu'on retient le plus est Valak la Nonne. L'actrice Bonnie Aarons rend vraiment le personnage effrayant et intimidant, que ce soit par la mise en scène ou le jeu de l'actrice. Elle était cool dans Conjuring 2 et elle est aussi cool ici. Pour tout dire, elle sauve le film a elle toute seule. Mais cela aurait été bien plus si le film exploitait mieux l'autre Valak à savoir sa forme démoniaque (Claudio Charles Schneider).


Les autres personnages sont très secondaires mais quand même intéressants. La sœur Oana (Ingrid Bisu) est bien en terme de personnage d'exposition, la sœur Victoria (Charlotte Hope) est présente (c'est la religieuse qui a fait vœu de louange perpétuelle si je me souviens bien). Tout comme toutes les religieuses qu'on voit dans le film. Et c'est tout.



Déception de taille.



Que dire de tous ça ? Je pense que si le film a eu du succès, c'est parce qu'il marche à cause de son aura de spin-off de Conjuring, sur un personnage qui a vraiment marqué ceux qui comme moi ont aimé Conjuring 2. Mais ce n'est hélas pas un bon film. Ce n'est pas un film que j'ai détesté, mais il avait le potentiel d'être un film d'horreur génial sur fond de pacte avec le diable mais n'est qu'un film d'horreur incohérent, sauvé par le personnage central à savoir Valak et par ses acteurs qui malgré tout donnent le meilleur d'eux même pour leurs personnages. Il n'est même pas du niveau d'Annabelle : Creation. Visiblement, vu que le film marche on aura une suite qui reliera bien plus Valak et Lorraine Warrens (et oui...) et un autre spin-off sur le Crooked Man de Conjuring 2. Et il y en a qui continue à se plaindre du MCU (et ils vont encore plus se plaindre vu que Kevin Feige va maintenant chapeauter les X-Men...).

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le 22 sept. 2018

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Neo Cosmic

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