Ouest France ne m'y reprendra plus !

Hormis la relative originalité du sujet, j'ai été voir La Nouvelle Vie de Paul Sneijder parce que Ouest France (représentant pour ma mère l'ensemble de la critique française) lui avait donné sa note maximale, comparant même le film au cinéma des frères Coen ! Et bien Ouest France ne m'y reprendra plus car moi, je ne l'ai pas trouvé terrible...

Tout ce que nous offre à voir La Nouvelle Vie de Paul Sneijder est la lente et très longue reconstruction de son protagoniste venant de perdre sa fille dans un accident d'ascenseur. Celui-ci est joué par Thierry Lhermitte, dont Ouest France ne tarit pas d'éloges. D'accord, l'acteur du Splendid est appliqué et bon, mais de là à dire que c'est le rôle de sa vie, ce serait juste en constatant son allure prostrée et ses rares dialogues. Assurément, il était bien meilleur dans Le Dîner de cons - et ce n'est pas sous-estimer l'acteur que de l'affirmer - même s'il est vrai que dans le cas Paul Sneijder, il y est pour beaucoup dans l'attraction du film.

Pour le reste, s'il y a du frères Coen dans le film de Thomas Vincent, ce serait pour la neige de Montréal - assez pauvrement filmée par ailleurs - qui fait penser à Fargo, la dépression de son protagoniste qui fait penser, en beaucoup moins subtil, à A Serious Man ou la mise en scène détachée voulant créer de l'ironie et de l'absurde, sans jamais y parvenir ici. Car La Nouvelle Vie de Paul Sneijder n'est nullement une comédie ! Le réalisateur veut bien mettre un peu de drôlerie dans les confrontations entre Paul et sa femme vénale ou ses fils hypocrites, mais ça ne fonctionne pas. Ou dans le personnage du patron de Dog Dog Walk joué par le sympathique québécois de Nos Jours heureux, mais le nouveau de job de Paul Sneijder n'a pas de fonction narrative claire et empêche ironiquement cette Nouvelle Vie de Paul Sneijder d'être le feel good movie auquel on aurait pu s'attendre.

Non, au lieu de ça, on a l'intrusion de flashbacks traumatiques assez fréquents pour devenir programmatiques (d'autant plus qu'ils font largement deviner le dénouement prévisible du film), et des conversations anscensionnelo-philosophiques avec l'avocat qui, si elles seraient sans doute délicieusement cryptiques chez les Coen, sont ici vides de sens. Au final, La Nouvelle Vie de Paul Sneijder m'a donné l'impression un peu pénible d'assister un ami dépressif entre attendrissement et agacement.