Oui, oui, oui!
Tout d'abord: Suliane Brahim est époustouflante. Elle mérite plus de grands rôles au cinéma.
En ce qui concerne son personnage, on a besoin de plus de rôles féminins comme ça au cinéma. Une femme seule, deux enfants à charge, qui porte à bout de bras son élevage, dans un travail physiquement et mentalement éprouvant, sans fards (literallement), avec laquelle le réalisateur ne joue même pas sur un côté pitoyable larmoyant.
Un des rares films réalisés par un homme où on ne sent pas de regard masculin pesant, mais une réelle volonté d'offrir un personnage féminin complexe et humanisé tout en ne minimisant pas l'horreur de sa descente dans la folie comme pouvait le faire Penny Dreadful avec Vanessa Ives. (Série à voir absolument)
(ATTENTION SPOIL) Pendant la scène du baiser j'ai cru que le film allait prendre le chemin classique de la relation hétéro qui sauve l'héroïne mais même pas, la tentative est totalement et volontairement avortée par le réalisateur puis la relation n'est plus jamais évoquée, ce qui est surprenant et rafraîchissant. (Fin de spoil)
Pour ce qui est des autres personnages et acteurs, aucune fausse note n'est à signaler. Les relations entre les personnages sont bien campés, les enfants jouent bien (ce qui est rare), et le réalisme crève l'écran. Les enfants ne sont pas juste 'des enfants', ils ont une personnalité, ils influencent l'histoire et y ajoutent du dramatique.
La monté dans l'horreur est progressive et de plus en plus dérangeante tout en étant géniale. La fin abrupte nous laisse sans souffle.
(SPOIL) J'aurais peut-être préféré voir ce qu'il se passe après cette scène finale mais en soi je comprends le choix du réalisateur de pouvoir nous laisser imaginer la suite en s'arrêtant pile au moment où cette histoire de sauterelles prend fin. Une sorte de happy ending revisité, qui garde la marque glauque présente dès le début du film. (Fin de spoil)
Il faut juste quelques minutes pour s'en remettre, mais on ressort du cinéma avec le sentiment qu'on a bien fait d'y aller.