J'avais raté La Nuée pendant Gérardmer, et j'ai donc eu de la chance qu'un cinéma proche de chez moi passe ce film en avant-première. J'y allais avec conviction, et même si on pourrait reprocher au début de mettre un peu du temps avant de nous plonger dans l'ambiance glauque et horrifique qui réussit si bien à ce long-métrage, le reste n'est évidemment qu'une franche réussite.
Cette relation éleveuse-sauterelles est particulièrement malsaine en monte en crescendo dans le cauchemardesque. On voit réellement, à travers cela, la situation désespérée de cette femme et surtout de sa famille qui subit en quelque sorte l'échec apparent de cet élevage d'insectes. Alors forcément, quand la protagoniste trouve une solution pour remédier à tout ça, elle va s'y adonner corps et âme. Les enjeux que posent sa survie et celle de sa famille sont par-delà bien et mal.
Et les nuées de sauterelles sont vachement bien filmées, bien réalistes et vraiment menaçantes. Je veux dire, rarement des insectes ne m'auront autant fait flipper et mis mal à l'aise au cinéma. Le réalisateur à vraiment une très bonne gestion de la tension, j'espère qu'il continuera dans ce genre, et pour un premier film en plus c'est vraiment assez brillant. Surtout que derrière tout ça on a un vrai propos, on se rend bien compte que même si c'est de la fiction bah ce genre d'échecs pour les éleveurs qui n'arrivent pas à nourrir leur famille ça existe et c'est un vrai problème. Alors bien sûr les sauterelles ça ne boit pas du sang et ne bouffe pas de la chair... Ce qui est tant mieux et puis peut être d'un côté aussi dommage puisque dans le film on voit vraiment que ça aide cette pauvre femme (mais à quel prix ?).
J'admire aussi cette manière de se détacher des personnages, quand le fils part (au bon moment !) bah il se casse et puis c'est tout, on le reverra plus après. Pour le personnage de Karim aussi, même si c'est dans une toute autre mesure... On aura droit à un contre-champ sur lui, et puis voilà ça s'arrête là. La scène finale qui est d'ailleurs un climax grandiose est aussi dans ce même genre, pourtant on pourrait avoir peur que ça s'étire dans un pathos d'émotions grossières. Mais non, il n'en est rien, et le film ne pourrait mieux se finir.
En bref, hâte de voir les prochains films de ce réalisateur, je vais décidément suivre son travail.