Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Quand j’entends parler d’un film où insectes et humains ne font pas bon ménage ça me rappelle de vieux frissons télé : Them!, Quand la Marabunta gronde, Phase IV. Des films où les hommes n'en mènent pas large face aux armadas d'hyménoptères, celles-ci constituant même une menace pour l'humanité.
Ce qu’il y a justement d’intéressant avec les sauterelles de Philippot c’est la passion, au sens exclusif du terme, que Virginie, leur éleveuse, a pour elles. Ainsi, l’œil entomologiste de la caméra nous présente-t-il d'abord ces criquets d'amour sous un jour plutôt sympathique. Ce qui n’a d’ailleurs rien d’étonnant vu que la sauterelle bénéficie contrairement à ses copines l’araignée, la mante religieuse ou la guêpe, d’une réputation exempte de tout reproche, et ce n'est pas Flip qui me contredira. Par conséquent, lorsque ces croqueuses d'herbe verte se mettent à en pincer pour le steak rouge saignant, il y a comme une distorsion du capital sympathie mis en place dans la première partie du film. D'autant que l’éleveuse s’attache à ses protégées à corps perdu alors même qu'elles deviennent de plus en plus monstrueuses. L’illustration parfaite d'un ressort du récit fantastique, confronter le réel à un état d’inquiétante étrangeté.
Côté scénario, la qualité ne suit pas vraiment ces belles intentions. Cela se traduit notamment par des personnages assez conventionnels (l'ado rebelle, le voisin sympa) et quelques grosses ficelles pourtant évitables.


Comme de laisser trainer dans le champ de la caméra les futures "victimes" de nos sauterelles affamées.


En revanche côté mise en scène, le film ne manque pas d’arguments. La montée de la tension par petites touches discrètes rappelle les meilleurs films du genre, le réalisateur se permettant même quelques clins d’œil appuyés à des chefs-d’œuvre comme Shinning ou les Oiseaux. Mais c’est sans doute du côté de la bande sonore que le travail est le plus abouti. La façon dont les stridulations s’amplifient tranquillement pour occuper peu à peu tout le champ de l’espace sonore, à défaut du champ visuel, participent avec efficacité de l’état de tension dans lequel se retrouve le spectateur.
Quant au message, il est également intéressant. Si les fourmis géantes de Them! figuraient dans les années 50 la menace du communisme et les celles de Phase IV l’échec de l’impérialisme, les sauterelles insatiables de la Nuée symbolisent par leur besoin impérieux de se nourrir l’horreur de la prédation économique. Tout comme les inconséquences que celle-ci peut générer. Ainsi, l'éleveuse aux abois devenue apprentie-sorcière - ou docteure Frankenstein - ne semble jamais prendre véritablement conscience du risque majeur qu'elle fait courir à ses proches comme à l'humanité. Et c'est bien la leçon la plus terrifiante de ce film singulier.


7.5/10 +

Theloma
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Films vus (ou revus) en 2021, Les meilleurs films de 2021 et 6/7 bonne surprise

Créée

le 22 juin 2021

Critique lue 622 fois

14 j'aime

Theloma

Écrit par

Critique lue 622 fois

14

D'autres avis sur La Nuée

La Nuée
Moizi
8

Plus que prometteur !

Franchement je suis impressionné. Je m'attendais à un truc un peu nul et pas forcément très abouti et en fait on a un film qui sait où il va et qui le fait bien. Disons que la qualité première du...

le 28 janv. 2021

63 j'aime

6

La Nuée
Velvetman
7

Cri de rage social

Tout comme Teddy, l’oeuvre de Just Philippot fait cohabiter le fantastique avec un cri de rage social. Une autre très belle réussite. Pendant que Teddy, sous le ton du burlesque, parlait de...

le 17 juin 2021

46 j'aime

1

La Nuée
Pascoul_Relléguic
4

Critique de La Nuée par Pascoul Relléguic

Nouvelle incursion du cinéma français dans le genre, qui plus est labellisé par le CNC,et malheureusement nouvelle déception en ce qui me concerne. La faute, encore une fois, à une écriture mal...

le 23 juin 2021

30 j'aime

1

Du même critique

Us
Theloma
7

L'invasion des profanateurs de villégiature

Avec Us et après Get Out, Jordan Peele tire sa deuxième cartouche estampillée "film d'horreur". Sans vraiment réussir à faire mouche il livre un film esthétiquement réussi, intéressant sur le fond...

le 21 mars 2019

108 j'aime

33

Ad Astra
Theloma
5

La gravité et la pesanteur

La quête du père qui s’est fait la malle est un thème classique de la littérature ou du cinéma. Clifford (Tommy Lee Jones) le père de Roy Mac Bride (Brad Pitt) n’a quant à lui pas lésiné sur la...

le 18 sept. 2019

96 j'aime

55

Life - Origine inconnue
Theloma
7

Martien go home

Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...

le 21 avr. 2017

81 j'aime

17