La Nuée annonce la couleur dès son premier plan : une menace plane sur une vie agricole. Just Philippot nous montre de façon naturaliste la vie de Virginie, éleveuse de sauterelles, contrainte par la condition matérielle de son métier de se saigner pour nourrir ses bêtes. Cette alchimie entre film social et fantastique est magnifiée par la place grandissante que prennent les insectes alors que Virginie maigrit : les serres occupent rapidement tout le cadre et les stridulations chassent le silence de la vie rurale. Le vert, associé à l’abondance des cultures dès le premier plan, est perverti quand il enveloppe la serre, où les sauterelles deviennent abondantes, mais aussi cannibales et anthropophages. Le vert familier devient ainsi étrange et inquiétant. Tout cela participe à nous faire ressentir l’angoisse des proches de Virginie, qui s’inquiètent de la voir se consumer dans son entreprise. En bref, La Nuée est une symbiose des genres sobre mais efficace et pertinente.