Je me souviendrai longtemps de cette séance de cinéma, et de ce film si étrange et dérangeant qu’est La Nuée. Alors que de plus en plus de films français traitent du sujet de l’agriculture et des difficultés inhérentes à cette branche d’activité, celui-ci a choisi d’y apporter une touche d’angoisse et d’horreur, et c’est ce qui en fait selon moi un film extrêmement spécial et marquant. Il faut attendre le dernier tiers, voire quart, du film pour commencer à avoir vraiment peur, alors que le film se concentre d’abord surtout sur cette vie si spécifique qu’a Virginie en tant qu’agricultrice. Son métier lui impose de s’y consacrer à 100%, et cela impacte forcément sa vie de famille, d’autant plus que les difficultés sont nombreuses pour elle et sa production de sauterelles. Finalement, cette touche horrifique proposée par le film n’est qu’un prétexte pour traiter ce sujet. La relation mère-fille est ainsi au cœur du film, du début à la toute fin, et rythme l’évolution de l’histoire. La Nuée interpelle donc, à travers des scènes parfois horribles, sur jusqu’où chacun doit aller pour son travail, sur cette limite qui une fois dépassée, coupe l’individu de ses proches et de lui-même. Au cours du film, on peut observer de près l’évolution du comportement de Virginie, qui entretient au-fur-et-à-mesure un lien de plus en plus obsessionnel avec ses insectes, oubliant le bien-être de ses enfants.
Si de tels thèmes vous intéressent, et que beaucoup de sauterelles ne vous fait pas peur, allez donc voir La Nuée car il constitue pour moi un remarquable film français. Par ailleurs, cela peut être l’occasion de donner un coup de pouce au cinéma de genre français, qui semble progresser et se diversifier en ce moment.