La critique complète : http://cinecinephile.com/la-nuit-a-devore-monde-realise-dominique-rocher-sortie-de-seance-cinema/
[...] Sur la durée, le cinéaste interroge la capacité de l’être humain à être isolé de la société, à se retrouver seul dans sa propre solitude, cette apocalypse zombiesque prenant la forme d’une plongée dans la psyché de Sam, personnage en marge de la société qui s’enferme dans son appartement, avec ses vivres et son quotidien parfaitement huilé, vivant dans l’illusion de pouvoir survivre à ce qui se passe dehors, cette société qui se dévore de l’intérieur, où la population se marche les uns et sur les autres, à l’image de cette scène magnifique où Sam joue de la batterie à la fenêtre de son appartement devant une horde de zombies qui forme une masse vivante qui tente d’atteindre le personnage à sa fenêtre. Une scène qui par sa symbolique en dit long sur l’aspect politique de cette première œuvre. Si le scénario est inventif et d’une grande intelligence, le film doit énormément à son acteur Anders Danielsen Lie, qui occupe le cadre à 90 %, dont la subtilité du jeu, d’une justesse dans ses émotions, épouse l’écriture du scénario pratiquement comme un personnage muet dont le corps devient le vecteur de la solitude et de la lente descente aux enfers de son personnage. Le défaut franchement minime que l’on pourrait reprocher à Dominique Rocher serait de ne pas réinventer le genre, aussi original soit son film dans sa forme et son fond parmi le paysage du cinéma français, de ne pas se détacher suffisamment de ses références, mais ce serait vraiment reprocher au cinéaste les défauts récurrents d’un premier film.
Avec le premier long-métrage, La Nuit a dévoré le Monde, Dominique Rocher signe une fable existentielle sur la solitude de l’homme, sur l’individualisme de notre société, sans oublier de faire un film de genre français maitrisé et inventif dans ses codes, porté par l’excellente interprétation de son acteur Anders Danielsen Lie, qui crève littéralement l’écran par sa présence. Un premier film magistral.