Tentative de réduction, de condensation, d'abstraction, de traduction des structures d'un mythe à des figures de cinéma, des mouvements traités ensuite dans une forme qui n'est plus celle du récit, mais celle d'un développement musical et qui répond à sa logique. Voilà l'aspect le plus passionnant du film.
Lorsque cette logique est saisie et redonnée par la sensation visuelle ou sonore, mise en vie par le montage, le film devient ce poème souhaité, fascinant par sa densité; mais parfois cela s'enraye un peu. Pour des détails qui n'ont pas été soignés ou n'ont pas pu l'être, par des cassures dans la logique ou le style installé qui ne semblent pas très judicieuses (la part de subjectivité peut être ici très large).
Dans une première partie plus développée, l'accent est mis sur la disparition d'Eurydice, le moment de son retrait - glissements, panoramiques, fuites dans le cadre, va-et-vient - puis dans une deuxième partie du film, sur la mise en pièces d'Orphée par les ménades. Un intermède sur Daphné également, mais peu éclairant et qui ne joue pas assez avec le reste du film - et une séquence dans une voiture devenue une sorte de chambre d'écho de l'enfer, assez réussie. J'en oublie certainement.
Il y aussi le concours de Nigel Rogers et de William Christie jouant et chantant quelques extraits de l'Orfeo de Monteverdi et sont filmés au travail avec. Quelques autres morceaux ne seront qu'entendus.
Pour être honnête, vu le film dans une mauvaise copie... ce qui peut-être extrêmement dommageable.