Dans une ville suédoise indéterminée, on s’apprête à fêter la nuit de Walpurgis (nuit du 30 avril au 1er mai), qui marque le début du printemps, bien évidemment la saison des amours. Pour son rapport avec la sorcellerie, cette fête est combattue par l’Église (excommunications), alors qu’elle est célébrée dans toute l’Europe depuis une éternité, en particulier dans les pays nordiques.


Malgré le potentiel supposé, la situation de début n’est pas très originale avec un triangle amoureux, deux femmes pour un homme. Léna (Ingrid Bergman) est secrétaire de Johan Borg (Lars Hanson), le directeur du journal local, mais elle s’apprête à donner sa démission. Motif : elle va se consacrer à son père vieillissant. En réalité, son père (Victor Sjöström) qui est rédacteur pour ce même journal est encore bien vaillant et il s’inquiète pour la natalité en baisse dans son pays et… pour l’avenir de sa fille (il est veuf). Ce que Léna veut fuir, c’est son amour impossible pour son directeur, celui-ci étant marié.


Tout se complique car Johan réalise qu’il ne veut pas perdre Léna. Il faut dire qu’avec sa femme, Clary (Karin Kavli), la relation n’est pas au beau fixe. Clary voudrait profiter de la vie et pour cela refuse d’avoir des enfants. Elle n’a rien dit à son mari, mais elle est enceinte. Malheureusement son médecin refuse l’avortement qu’elle souhaite, considérant qu’elle n’a aucun motif valable. Résultat, elle va se tourner, clandestinement, vers un médecin à la moralité douteuse qui aide ainsi les femmes en difficulté. Pour cela, elle prétexte auprès de son mari l’invitation impromptue d’une amie, l’empêchant de fêter la nuit de Walpurgis au restaurant avec lui comme c’était prévu.


Johan ne cède pas longtemps au découragement. Sa liberté du moment lui permet d’inviter Léna. Celle-ci hésite bien un peu, mais il sait trouver les bons arguments. A partir de ce moment, les événements et malentendus vont s’enchainer.


Un film relativement court (1h16) qui ne laissera pas un souvenir impérissable. Ingrid Bergman commence à ressembler à la star qu’elle deviendra (son visage compense des attitudes encore parfois un peu gauches). Le film s’attarde sur les péripéties du triangle amoureux et utilise la baisse de la natalité en Suède comme simple argument de base. Ce sujet apparaît anecdotique, simple prétexte pour justifier le scénario (cosigné Gustaf Edgren et Oscar Rydquist). Pourtant, quelques éléments montrent que la baisse de la natalité suédoise méritait un approfondissement et meilleure explication que le manque d’amour. Surtout avec un personnage ayant le charme d’Ingrid Bergman. Si manque d’amour il y a, il aurait sans doute fallu creuser du côté de l’organisation de la société suédoise. Une société très policée où la réussite matérielle passe avant tout. Mais il était probablement impensable en 1935 d’oser un film critiquant ouvertement les valeurs établies. On se satisfait donc d’un film bien structuré, le scénario ménageant amours contrariées, quiproquos et valse des sentiments. L’intrigue tourne essentiellement autour du mélodrame. La mise en scène est correcte mais sage, avec une image au format 4/3 (noir et blanc bien rendu par l’édition DVD). Tout l’aspect sordide lié à l’avortement est plutôt bien rendu, surtout pour l’époque.


Reste que Gustaf Edgren (le réalisateur) ne fait qu’effleurer une réflexion par rapport à ce que sous-tend l’inquiétude vis-à-vis de la baisse de la natalité. Difficile quand même de ne pas se faire la réflexion que cette baisse est en lien avec l’amélioration du niveau de vie. Que penser d’une société dont la prospérité dépendrait de ses capacités d’expansion ? Rappelons que la Suède est un pays où, si le niveau de vie fait des envieux, il fait plutôt froid. Rappelons également que la Suède s’est toujours méfiée des visées expansionnistes de ses puissants voisins (Allemagne, Russie), mais qu’elle a régulièrement préféré une prudente neutralité.

Electron
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le 16 mars 2016

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