La Nuit des juges pose clairement le problème du pointillisme excessif de la loi américaine et des vices de forme qui minent les rouages de sa justice en relâchant des criminels évidents ayant d'habiles avocats sachant pointer ces défauts de procédure. A trop vouloir protéger la liberté individuelle, on finit par mettre en danger la sécurité des citoyens. C'est un film qui met en garde contre les "vigilants" qui souhaitent appliquer une autre justice, plus ferme et plus radicale, incarnée par cette "chambre étoilée" (référence au titre original), un habile thriller aussi passionnant qu'intelligent, mais qui est en même temps un pamphlet démagogique en faveur de cette autojustice et de ses débordements ; Peter Hyams aborde donc un problème épineux dans un pays qui dans les années 80 souffrait d'une violence urbaine grandissante, car sous couvert de renvoyer dos à dos les adeptes de la paperasserie et les justiciers expéditifs, le film accrédite l'idée que chaque citoyen a du laxisme des institutions judiciaires et pénales, mais il s'assume aussi comme un spectacle proposant une réflexion intéressante, en alternant scènes d'action et tiraillements psychologiques. Aller plus loin dans une voie plus extrême aurait pu plomber le film qui aurait pu être perçu comme quelque chose de sournois et d'irritable, Hyams évite de justesse cette direction car son film peut aussi être vu comme un plaidoyer pour la tolérance, symbolisé par la prise de conscience du personnage du juge Hardin incarné avec une belle conviction par Michael Douglas qui tourne là un de ses films injustement méconnus. A voir et à méditer.