Si l'excellent Assault on the Precinct 13 avait connu un succès d'estime en 1976, Big John rentra définitivement dans l'histoire du cinéma en 1978 avec Halloween aka La Nuit des masques en France. Le film a non seulement créé le genre du slasher (des jeunes gens aux prises avec une menace quasiment indestructible et la plupart du temps une survivante, la final girl) mais a aussi révélé la toute jeune Jamie Lee Curtis dans son rôle le plus iconique de toute sa carrière à savoir celui de Laurie Strode. Ce qui frappe le plus avec ce film est la lenteur du récit, une lenteur lancinante que ne pourraient pas supporter les spectateurs contemporains trop habitués au blockbusters fast food dans lesquels l'action n'arrête jamais jusqu'à l'overdose. Mais c'est justement ce rythme lancinant qui fait monter la tension progressivement, du premier meurtre de Michael Myers à son évasion de l'hôpital psychiatrique jusqu'à son arrivée à Haddonfield, sa rencontre avec Laurie Strode et finalement le massacre nocturne, le rythme est admirablement géré par Big John qui parvient à créer un réel sentiment de paranoïa chez le spectateur. Halloween ne fait pas de surenchère, la faute à un budget serré mais aussi dans une volonté manifeste d'apporter de la crédibilité à son histoire, Haddonfield nous est présentée à hauteur d'homme et ressemble à toutes les petites villes de banlieue du monde entier, les acteurs n'ont également rien d'extraordinaire renforçant l'authenticité du lieu (à part Donald Pleasance qui brille dans le rôle du Psychiatre de Michael Myers, Samuel Loomis) et l'absence d'une violence trop graphique permet en outre de ne pas tomber dans l'horreur grandiloquente. Il faut également parler de la musique géniale de John Carpenter, elle participe grandement à l'ambiance malsaine du film avec sa rythmique particulière qui accompagne le récit avec sobriété mais sans jamais faire retomber l'intensité du déroulement jusqu'à un dénouement final aussi puissant que perturbant. Halloween a définitivement lancé la carrière de Big John de part son succès mondial mais aussi parce qu'il a posé les bases d'un sous-genre du film d'horreur, le Slasher, il fut d'ailleurs souvent imité mais rarement égalé par la suite. Un film culte, tout simplement.