Des monstres ! On en a vu de toutes les formes ! Mais un monstre n’est pas forcément une créature répugnante et terrifiante. Du moins ! Pas physiquement. Un monstre est surtout défini par ses intentions hostiles et sa cruauté envers les humains. C’est ce que le jeune prodige Georges Romero nous dévoile dans l’un de ses premiers longs-métrages donnant naissance à des humains infectés par un virus les transformant en êtres cannibales, les zombies. Ces derniers ne pensent qu’à une seule chose, mordre tous ceux qui n’ont pas été contaminés. Et ceux qui ont été mordus deviennent comme eux.


C’est ainsi qu’on constate une propagation alarmante d’une maladie qui ne connaît pas de frontière. Georges avait plusieurs manières de présenter ses monstres pour la première fois au cinéma. Il a choisi d’exposer ses zombies en réalisant un huis clos mettant en confrontation des humains barricadés dans une maison et les zombies traînant dans les alentours. Un huis clos qui ne va pas s’éterniser car un moment à l’autre, les zombies vont finir par y entrer de force pour satisfaire leur envie de manger. De plus ! Pour accentuer l’efficacité et la puissance de cette production, le réalisateur a écrit le scénario de manière à mettre en parallèle deux conflits : un centré sur les humains/zombies et un autre entre les humains seulement.


Il faut croire que Georges Romero ne s’est pas contenté de monter en toutes pièces un simple survival mode. Ce dernier a créé des personnages de différentes personnalités et comportements pour nous rendre compte que les humains ne sont certainement pas mieux que les zombies. Interprétant une folle paralysée par la peur et incapable de venir en aide les autres, Judith O'Dea est convaincante dans la peau de cette dernière. Loin d’être comme elle, Duane Jones campe remarquablement un homme courageux et déterminé à survivre en exécutant toutes les actions à faire pour rester à l’abri des zombies le plus longtemps possible.


Son personnage est enfermé dans la maison avec un père fou à lier. Ce dernier est joué par un Karl Hardman qui sait comment s’y faire pour animer le peureux faisant bien chier tout le monde. Le reste du casting est correct pour se mettre à la place des personnages souhaitant s'échapper de leur situation désespérante. Du côté des zombies, les figurants se prêtent bien au jeu pour nous impressionner dans la peau de ces créatures se comportant comme des paumés de la nature tout en gémissant, marchant pas droit et agissant lentement. Avec des sales gueules qui ne nous rassurent pas du tout sous un maquillage très soigné.


Avec un budget qui ne lui était pas favorable, Georges Romero est tout de suite passé à l’essentiel de son objectif en faisant apparaître le premier zombie assez rapidement au début du film sans nous donner des explications à propos de cet agissement abrupt. Ayant perdu son frère, Barbara court comme une dératée pour trouver un abri malgré la rencontre de d'autres zombies sur son chemin.


Peu de temps après avoir trouvé un abri, Barbara est rejointe par un inconnu qui se dépêche de solidifier les portes et les fenêtres avec des planches et des clous. La rencontre de ces deux derniers va faire défiler une série de scènes de dialogues et de situations risquées avec d’autres survivants pour enrichir en tension ce survival horror. Plus on suit l’évolution des personnages qui ne sont pas tout le temps dans la même longueur d'onde, plus le risque de se mettre en danger est inévitable pour nous pousser à croire que ça va mal se terminer.


Cela nous entraîne à une autre peur que celle des zombies. Ce n’est même plus la peur qu’on ressent, c’est carrément de la paranoïa. Georges Romero a bien traité simultanément ces différents peurs et aspects humains pour aller encore plus loin que survivre. Certains éléments tels que le manque de confiance ou les tentatives de sortie sont judicieux et bien trouvés pour accroître l’effet de surprise. D’autant que le réalisateur a bien cadré ses plans pour voir l’horreur nous hypnotisant du premier coup d’œil comme ceux des bras des zombies traversant les planches. Chaque plan se succède sous un montage correct.


On passe plus d’une heure et demie à visionner une situation qui ne fait pas plaisir à voir en remettant en question sans arrêt le comportement humain jusqu’à la dernière minute. Le film se termine sous un coup de choc qui ne peut pas être mieux trouvée mais triste. C’est à savoir qui est le plus monstrueux entre un zombie ou un humain. Si la vision des zombies et leurs agissements ne vous effrayent pas froidement, alors vous pouvez voir le film sans risque. C'est un long-métrage se résultant par un huis clos monstrueusement surprenant. 7/10



Barbara ! Ils reviennent !



R.I.P : Georges Romero

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