Tourné pour 116 000 malheureux dollars par un George Romero encore débutant, "La nuit des morts-vivants", premier volet de la future saga des... morts-vivants, marquera l'histoire du cinéma pour plusieurs raisons. Les principales étant sa confection extrêmement modeste mais finalement lucrative (mais pas pour l'auteur lui-même qui se verra dépossédé de son oeuvre suite à une erreur de copyright) et le genre qu'il engendrera par la suite.
Trouvant son inspiration dans le classique de Richard Matheson, "Je suis une légende", ainsi que dans la culture vaudou, "La nuit des morts-vivants" détourne plus ou moins le film de vampire pour créer quelque chose de neuf, sans se rendre compte qu'il allait autant bousculer le cinéma d'horreur.
Huis-clos à l'atmosphère lourde et anxiogène, le premier film de Romero accuse son âge et souffre forcément de son budget rachitique, ainsi que d'une interprétation bancale, la palme allant à une Judith O'Dea à claquer dans son rôle léthargique. On pourra également reprocher au classique de Romero un ventre mou à mi-parcours et un rythme limite soporifique.
Mais ces défauts ne sont rien comparé à la puissance évocatrice de cette oeuvre matricielle, face à la force de certaines images, à l'horreur qu'elles étalent sous nos yeux, et surtout à la subversion de l'ensemble, culminant lors d'un final désespérément nihiliste et à la portée politique dévastatrice bien qu'involontaire.
Imparfait et exigeant, "La nuit des morts-vivants", que l'on aime ou pas, est un film important dans l'histoire du cinéma, couillu pour l'époque, propulsant le cinéma indépendant dans des sphères encore jamais atteintes et qui prouve que l'on peut accoucher d'un classique avec peu d'argent.