... il s'agit bien là d'un film toujours aussi culte, malgré le poids des années.
Night of the Living Dead, c'est l'histoire d'un film de genre à petit budget qui va cartonner au point de devenir l'un des films les plus rentable du cinéma indépendant, en plus de donner la marche à un aux films de Zombies. Rien que ça. Et c'est avec cette réputation que je me suis lancé dans cette œuvre qui ne m'attirait pas spécialement, n'étant pas un très grand amateur des films de zombies.
Le film est extrêmement daté au niveau des effets spéciaux (ou parfois des non effets spéciaux ?), avec des morts-vivants qui semblent être plus fatigués que morts, d'une nonchalance incroyable à tel point où l'on se demande si les figurants ont été informés de leur fonction dans le film et d'autres qui ne sont juste... pas maquillés quoi, ce qui déroute un peu. La plupart des acteurs sont également médiocres au point d'en être totalement ridicules pour certains (mention spéciale à Judith O'Dea qui oscille entre l'insupportable et l'hilarant), même si l'acteur Duane Jones se débrouille plutôt bien.
Mais étonnamment, malgré ces défauts qui sentent le budget rachitique à plein nez, aujourd'hui encore Night of the Living Dead détient un charme fou. Il y a un bon travail effectué sur la mise-en-scène pour générer de la peur et du stress avec trois fois rien, je pense notamment à ces plans sur les mains qui passent à travers les fenêtres et qui tentent d'agripper les protagonistes pour les croquer qui fonctionnent très bien, alors que c'est d'une simplicité à mettre en place. Les jeux d'ombres et de lumière sont également très soignés, ça donne une bonne ambiance oppressante au film et renforce l'horreur sur certains plans, je pense notamment à la fin, avec la gamine zombifiée qui dévore la main de son père avant de se diriger vers sa mère, qu'elle va assassiner plutôt violemment. Tout ce travail est permis à cause (ou plutôt grâce) au manque de budget, où Romero va du coup contourner cette problématique de l'argent en coupant sur les acteurs et en s'investissant dans la mise-en-scène, sur ce qu'il va montrer et ne pas montrer, je trouve ça juste génial cette débrouillardise qu'il y a dans ce genre de projets, c'est du pur cinéma.
Et le pire dans tout ça, c'est qu'en plus de la forme, le fond est lui aussi maitrisé. Les conflits au sein du groupe, ces personnages qui ne se supportent pas, qui n'ont aucune cohésion d'équipe, certains sont lâches, individualistes, d'autres optimistes ou impulsifs, ce mélange malgré-lui est voué à l'échec même face à cette crise sans précédent. Et cette fin, lourde de sens et d'un pessimisme incroyable, je n'attendais clairement pas un tel dénouement dans un film de ce genre.
Cette caméra légèrement insistante sur ce drapeau américain au début du film, flottant sur le premier plan d'un cimetière, semblait annoncer déjà la finalité de ce long-métrage.