Tourné avec des moyens dérisoires, un monument du cinéma d'épouvante moderne. Maquillages terrifiants, scènes d'horreur explicites, vision cynique de la société, le tout filmé en noir et blanc, caméra à l'épaule : l'impression de malaise affleure à chaque instant et le cauchemar est total !
Clin D'œil :
C'est peut-être, avec Psychose, le film d'horreur le plus célèbre de l'histoire du cinéma. George A.Romero n'a que 28 ans lorsqu'il réalise La Nuit des morts-vivants, 115 000 dollars en poche, de la pellicule noir et blanc et surtout une idée : adapter Je suis une légende, le fameux roman de Richard Matheson écrit en 1954.
L'argument de La Nuit des morts-vivants est aussi simple qu'efficace : suite à une catastrophe d'origine inexpliquée, les morts reviennent à la vie et envahissent la surface de la terre à la recherche de chair fraîche. Avec La Nuit des morts-vivants, Romero invente le film d'horreur moderne et débarrasse le genre de ses oripeaux folkloriques. Loin de la tradition vaudou telle que l'a exploité Victor Halperin dans White Zombie ou Jacques Tourneur dans Vaudou, le zombie de Romero passe à l'âge adulte, du mythe au faits divers. Lorsqu'il sort en salles le 1er octobre 1968, La Nuit des morts-vivants, avec son style presque documentaire et ses airs de reportage filmé sur le vif, évoque les bandes d'actualités tournées aux Vietnam mais aussi le film gore de l'assassinat du président Kennedy en novembre 1963.
Noir et blanc granuleux, cadrages insolites, montage abrupt, acteurs inconnus, détails triviaux, le film de Romero présente tous les stigmates du reportage de guerre, à commencer par la mise en scène, qui semble elle aussi soumise à la fragilité d'un événement monstrueux et saisi à vif. Avec le zombie, métaphore limpide d'une Amérique déliquescente en proie à un refoulé qui fait retour, Romero propulse le film d'horreur sur un terrain explicitement politique.