La nuit des rois est une œuvre singulière, à ne pas prendre à la légère.
Il ne faut pas y aller en se disant qu'on va assister à un divertissement dans l'univers carcéral Ivoirien, plus précisément de la MACA, dont le régime de détention est, d'après son Chef, unique au monde.
Tout d'abord, être plongé sans sommation dans cette prison Abidjanaise vaut en soit le coup d'œil.
Ensuite, assister à un film carcéral lyrique, poétique, sans extrême violence, original de par la singularité de son mode de gestion, c'est une expérience qui vaut d'être vécue, pour le pire ou pour le meilleur.
Pour ma part, je suis mitigé.
Toutefois, ce qui peut paraître être un défaut fait aussi la force de l'œuvre de Philippe Lacôte.
En effet, celui-ci va jusqu'au bout de son projet, quitte à laisser le spectateur sur le côté.
Soit on est littéralement happé par ce récit complètement fou, entre chien et loup, envoûté, captivé, transporté.
Soit on décroche, et on reste sur la touche avec regret, se disant qu'on n' était pas loin d'une œuvre magistrale.
Autant on peut louer la volonté de Philippe Lacôte de nous conter cette histoire hors norme, à mi-chemin entre le fantastique et le drame existentiel, autant on peut lui reprocher de ne pas soigner son récit, à l'image de son Roman, qui tente tant bien que mal d'étirer son récit pour survivre.
Il y a du bon, et beaucoup de moins bon.
Il ne cède pas à la facilité humaniste en faisant passer ces criminels comme des victimes carcérales. Non. Au détour d'une réplique, les choses sont clarifiées, le but n'est pas d'en faire des saints ou des martyrs :"il est cruel d'enfermer des innocents, mais nous savons tous pourquoi nous sommes là".
Les intentions sont honorables, mais la forme est bancale.
La narration, les personnages, la construction, la réalisation m'ont paru trop approximatifs, ce malgré le fait que tout cela ne soit pas le but premier du réalisateur.
Le côté spirituel et métaphysique n'ont pas suffit à nourrir suffisamment le spectateur que je suis.
Bien que je dois reconnaître la volonté et la foi du réalisateur dans son œuvre.
Pour ma part, je fais partie de ceux restés sur le carreau, mais pas complètement.
Il y a quelque chose à en tirer, c'est certain.
Néanmoins, une ébauche, ou un brouillon ne suffit pas à faire une œuvre solide et consistante.
Sauf si on se laisse complètement envoûter par le pouvoir du récit...