Ami lecteur, dégrafe ta ceinture, décroche tes bretelles et carre-toi profondément dans ton siège, tu vas bientôt, grâce à la puissance insensée de mon verbe, vivre une expérience inédite, expérimenter les effets produits par cette légère turbulence au niveau du cortex que seuls les habitués de Télérama et des Cahiers du cinéma connaissent.
Pendant que tu procèdes, je lisse mes tempes d’un doigt humide afin de minimiser mon coefficient de pénétration dans l’air et dans les cerveaux.
Es-tu prêt ?
Alors voilà : tout ce film procède d’une immense MISE EN ABIME (!!!). Le héros raconte une histoire aux autres taulards, qui s’insère à l’intérieur du film qui donc raconte l’histoire du héros qui raconte une histoire. Du coup, quelle est l’histoire ? Je veux dire, aucune des deux histoires n’a objectivement plus de sens que l’autre. L'une ne découle pas plus de l'autre que l'autre ne découle de l'une. Ni moins.
La plupart des scènes et des situations montrées dans la prison ne se veulent pas réalistes, mais sont des illustrations chatoyantes, chantées et/ou dansées du conte visuel qui nous est raconté en première intention. Mais paradoxalement, les scènes illustrant le conte raconté par le héros sont plus réelles. Du coup, on se demande, enfin moi je me suis demandé, quelle est la « vraie » histoire ? Est-ce qu’au moins l’une est « vraie ». Ou alors les deux ? Ou encore, est-ce que l’histoire, ce ne serait pas la communion des deux ? Est-ce que le tout ne forme pas un conte plus vaste ? Ou encore encore, ce qui se passe dans la prison ne serait-il pas un rêve du héros ? Un fantasme ? Une projection ?
Je vais pas donner la réponse, non pas par absence de générosité car je ne suis qu’amour, mais juste que je l’ai pas. Enfin si en fait, j'ai mon idée, mais la révéler serait d'une certaine manière spoiler. Tout ce que je raconte paraît bien intello alors que le film ne l’est pas. Je fais ce que je peux, je suis pas griot. J'y connais rien en griotisme. Soit dit en passant, envoie Darmanin à Abidjan, au bout de trois jours les ivoiriens découvriront que le principal problème de le Cote d'Ivoire, c'est l'islamo-griotisme...
Mais revenons à nos moutons. Certes le film est plein de défauts. La réalisation caméra épaule/ plans vibrants, ça saoule un peu au bout d’un moment. Les acteurs sont parfois approximatifs. Mais on s’en fout, il y a une vraie tentative, le désir de faire quelque chose de fort, de personnel et d’original. C’est ce qu’on aime, non ?