Plus fort que les épisodes de Columbo qui donnent le coupable dès le début, voici le film policier qui annonce que le crime restera irrésolu!
Voilà un parti pris très culotté qui va permettre à Dominik Moll de développer d'autres thèmes en partant de l'immolation de la jeune Clara, à commencer par deux beaux personnages de policiers, très bien interprétés par Bouli Lanners et Bastien Bouillon (que je découvrais).
On décrit plus généralement le quotidien d'une équipe du P.J. dont l'enquête est compliquée par un certain manque de moyens, par une imprimante toujours en panne... J'ai pensé au réalisme d'une série comme The Wire, et ce n'est pas un petit compliment.
Mais le thème principal du film est selon moi la place des femmes dans la société. Car de très nombreux suspects apparaissent pour le meurtre de cette jeune fille joyeuse et bonne vivante, et comme le dit le personnage de Bastien Bouillon, tous ces suspects auraient pu le faire, et même tous les hommes auraient pu le faire. L'enquête révélant peu à peu que Clara a multiplié les conquêtes, des membres de l'équipe trouvent alors que "c'était pas une sainte", "il n'y a pas de hasard", comme si elle l'avait bien cherché. Sa meilleure amie devant même rappeler dans une scène déchirante que Clara était bien une victime et non la coupable lors d'un énième interrogatoire sur ses nombreux ex.
Récit sombre et sans issue, le film a l'intelligence de nous donner quelques notes d'espoir, mais en dehors de l'enquête : une fleur de gentiane qu'on va imprimer pour ne pas déprimer, un cycliste qui s'échappe de son vélodrome pour s'envoler vers un col... La solution n'est pas forcément celle attendue, mais elle peut exister néanmoins.