Bref résumé du film : On s'emmerde, mais c'est le but.
Au moins, le film nous prévient depuis le début : on va tourner en rond pendant 2h, comme les personnages, et clairement comme les acteurs.
En vrai, j'ai pas vu les 2h passer, mais faut dire que le rythme du film et le jeu des acteurs m'emballaient tellement que je faisais autre chose à coté. Ce qui aurait été compliqué au cinéma, ouf, merci Netflix.
Sur le papier, ce qui laisse la moyenne au film c'est le scénario planplan totalement assumé, et le coté casse-gueule du 'A la fin, vous ne saurez pas plus ce qui s'est passé que les gens qui l'ont vécu.'
La bande-son est aussi très casse-gueule, de par sa relative discrétion, voire son absence souvent, mais avouons que pour l'ambiance réaliste c'est un très bon choix.
En revanche la photographie, bien que rarement audacieuse, est quand même agréable, et le rend plutôt bon pour un téléfilm de France Television.
Malheureusement, je trouve que la transposition du 'fait divers' d'origine (allez lire '18.3 - une année à la P.J.' de Pauline Guéna) de la morne Région Parisienne vers l'Auvergne s'achète un intérêt dans des décors rajoutés pour combler un vide avec de jolies diapos, et qu'au final c'est un peu surfait.
Même si c'est joli l'Auvergne hein.
Les deux points qui m'ont vraiment déplu dans le film sont le sous-jeu de la majorité des acteurs, ainsi que le traitement superficiel et boboomer (bobo et boomer :3) de la misogynie.
Pour le sous-jeu, on est clairement dans de la représentation de comment le bobo parisien fantasme le comportement provincial.
Les expressions faciales et les sentiments qui s'en dégagent sont bons, mais les phrasés et les intonations... mon dieu... C'était quoi l'idée? Par risque que personne ne comprenne l'accent Auvergnat, alors on prend des gens sans accent du coin (aucun personnage) et on les fait parler mollement et creusement sans aucun sentiment dans la voix?
La seule personne qui exprimera des sentiments dans ses intonations, c'est la mère de la victime au moment où elle réalise ce que les flics lui expliquent (sans aucune empathie ni aucun intérêt). Et elle ne prononcera plus un seul mot du film, prostrée dans sa détresse intérieure (et quelle gueule! Chapeau bas Charline Paul) que personne ne veut partager avec elle. Car oui, s'il y a bien une absente totale dans ce film c'est l'Empathie. Elle devait être en RTT ou en arrêt maladie mais, des flics à la meilleure amie, c'est zero empathie.
Et pour la misogynie, on se perd dans une espèce de piqûre de rappel succinct à destination des mentalités vieillissantes, assénée à base de poncifs affreusement éculés dont le résumé serait 'arrêtez les gars, la femme est un homme comme les autres!' en utilisant, de préférence, uniquement des exagérations de misogynie (comme ce mec qui traite les femmes comme des jouets, et tabasse la sienne, donc semble être le coupable parfait), et en faisant l'impasse sur la misogynie subtile (comme sur le passage de l'interrogatoire du sexfriend). Alors que cette dernière ne tue pas moins que la première.
On est aussi malheureusement à deux doigts de déterminer que, si les flics mecs n'arrivent pas à résoudre le meurtre sordide de Clara, c'est parce qu'ils ont du mal avec leurs problèmes personnels (la difficulté de la vie de couple pour l'un, la difficulté de la solitude pour l'autre) et que c'est dur d'être un mec quoi.
Et si le but du film c'est ça ben...