La Nuit du chasseur par Gwendoline Honig
Je n'aime pas le mot classique. J'ai vu ce film dans un festival, à Annonay, en traînant les pieds, à 16 ans : "oh noooon, un vieux film sous-titré de Mathusalem, en noir et blanc en plus, ça à l'air trop chiaaaant. On est obligé de le voir Madame ?" Résultat : j'ai été surprise par la modernité du film. Par modernité, je veux dire que le film m'a plu, tout autant qu'un film contemporain. Loin d'être ennuyée par l'esthétique, la bande-sonore, et plus encore la photographie, et l'univers "enfantin" m'ont séduite. Les mains de Powell restent gravées dans ma mémoire, et illustrent toujours, pour moi, le manichéisme qu'on retrouve dans tant de discours et de films. J'ai eu la chance d'avoir à réfléchir sur le film, lors d'un oral de culture générale en khâgne, près de 5 ans après l'avoir vu. Son souvenir, toujours vif, la chanson lancinante et effrayante du pasteur, l'épopée fluviale des enfants terrorisés, me font dire aujourd'hui que ce film est un classique, au sens où il illustre des idées fondamentales sur le monde (la peur, la violence, l'autorité, la manipulation, le bien, le mal) tout en étant extrêmement simple. Un film à voir !