La Nuit du chasseur par Chloé4
Superbe film qui réconcilie avec le noir et blanc!
Charles Laughton utilise le noir et blanc avec brio dans une mise en scène simple mais efficace. Le film est rythmé et on suit les enfants dans une sorte de road-movie (davantage "river-movie" ici) à partir de leur fuite de la maison maternelle.
Le thème de la dualité est permanent ici: noir-blanc, enfant-adulte, bon et mauvais, love/hate etc.) Mais il est traité d'une façon quasi-fantastique qui rappelle les contes pour enfants. Contes racontés sous la forme du récit imaginaire du petit John ou des récits bibliques qui traversent ce film.
Au début, j'ai cru qu'il était question ici de religion. J'étais même étonnée d'une telle impertinence (pour l'époque). Et puis, le film avançant, il m'a semblé que le thème peut être multiple et complexe.
On peut par exemple, y lire une sorte de parcours initiatique du jeune John, luttant pour maintenir la figure du bon père (hors-la-loi pour le coup) contre celle d'un père dévoreur tel Cronos. Le futur homme fuit alors ce père menaçant en laissant aller sa barque au gré du fleuve.
Bien que la référence à Moise soit explicitée clairement dans le film, cette séquence amène le spectateur dans un univers féérique et on a bien le sentiment que les enfants sont alors protégés par ce fleuve. Serait-ce l'esprit de leur mère submergée qui veillerait sur eux?
J'ai beaucoup aimé ce film qui m'a aussi renvoyé au regard tendre de Truffaut sur les enfants. C'est aussi ce qui se dégage de la morale finale édictée par Lillian Gish, la nourrice bienveillante et clairvoyante. Il m'a aussi fait pensé à "Bad Lieutenant" de Ferrara pour le thème du Mal déguisé en Bien (ici un pasteur, là un flic). Mais c'est un thème déjà traité et re-traité je crois.
Et puis ce Mitchum...quel bel homme! (Heu...non ça c'était en trop).