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Voici encore un film assez surestimé à mes yeux, mais qui mérite quand même une sacrée réputation. Quand l'amour devient haine commence alors la nuit du chasseur, haletante, démente, avec un Robert Mitchum en faux pasteur angoissant, filmé par Charles Laughton divinement inspiré. A mi-chemin entre le thriller, le récit d'épouvante et le mélodrame criminel, c'est un film inclassable dont la singularité tient à son réalisateur, esprit cultivé, grand acteur britannique en contrat à Hollywood, souvent brocardé pour ses moeurs et ses caprices étranges. En 1955, il récupère un scénario de James Agee, journaliste et critique, d'après un roman obscur de Davis Grubb, il convainc les producteurs de United Artists peu emballés d'en faire un film de série B, en pulvérisant toutes les conventions. En effet, à l'écart de la production de l'époque, le film de Laughton est très singulier, le réalisateur ne respecte aucun des codes en vigueur, il place sa caméra selon une poésie qui lui est propre, s'attache avec fascination au personnage du jeune garçon qui affronte le pasteur Mitchum, alterne les plans sans se soucier des principes du montage. Il donne surtout à Mitchum le plus beau rôle de sa carrière, celui de Harry Powell, un prédicateur fou et inquiétant dont les mots "amour" et "haine" sont tatoués sur ses phalanges, induisant une étrange compassion pour ce personnage pervers ; Mitchum joue ce rôle avec une puissance hallucinante, et même lui qui n'a jamais eu tellement de considération pour son métier d'acteur, disait que c'était le film dont il était le plus fier, cette unique réalisation de Charles Laughton, imprégnée d'une ambiance presque irréelle et d'une intrigue à la noirceur terrible que l'on peut voir comme une dénonciation du puritanisme et de l'hypocrisie en Amérique. L'Amérique bucolique et paisible des arbres et des rivières, celle de Mark Twain se transforme ici en un univers de cauchemar, accentué par la photo très stylisée de Stanley Cortez. Le film a depuis longtemps atteint le statut de film culte, ayant suscité les interprétations les plus diverses : psychanalytique, surréaliste, poétique, biblique... tout simplement un sacré moment de cinéma.

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le 26 oct. 2016

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Ugly

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