Malgré l'incontestable évolution des moeurs, libération appréciée par les uns ou au contraire relâchement déploré par les autres, IL reste encore un sujet passablement tabou.
"IL" ? Pour le cibler avec une flèche d'humour : souvent, quand quelqu'un parle de Sexe, un ange passe !
Sujet tabou, y compris au cinéma (de moins en moins, il est vrai), alors même qu'il y a eu tout lieu de considérer la vague-vogue du hard comme une "percée" irréversible ! A sa sortie, un film a très bien illustré ce surprenant paradoxe. C'est "La nuit porte-jarretelles" qui, par écran interposé, véhicule tellement les à-côtés déstabilisants du sexe que la critique de l'époque a eu du mal à adopter une attitude... vraiment critique ! D'autant plus qu'il s'agit là d'une oeuvre assumée à 99% (scénario, réalisation, chanson-titre) par une jeune femme qui signait ainsi son 1er film, Virginie Thévenet.
D'emblée, une précision s'impose afin de lever toute ambiguité. Même si le titre peut paraître un tantinet - j'adore relancer des mots désuets ! - racoleur, il n'en reste pas moins évident, à la projection, qu'il s'agit d'un film SUR le sexe et non un film DE sexe. Nuance ! Une approche "ludique" (dixit l'auteure) et non une illustration sur le mode lubrique du rapport amoureux homme-femme... toujours d'actualité depuis Adam et Eve ! Moralité : si les prudes sont invités à s'abstenir, les voyeurs aussi !
En fait, la principale caractéristique - et donc, qualité - de ce film est de traiter un sujet effectivement scabreux, mais en évitant tous les pièges - ou facilités - que cela pouvait supposer a priori au niveau de la mise en images. De quoi s'agit-il ? D'une "éducation sentimentale" (référence littéraire tenace). Mais, au vu des situations, une éducation sentimentale qui, évolution oblige, se réclame plus de la BD de Lauzier que du roman de Flaubert. En prise directe sur les comportements amoureux et même certains fantasmes sexuels. Elle naît de la rencontre entre Jezabel, jeune femme aussi libérée que jolie, et un jeune homme prénommé Ariel, pas "chaud bouillant", plutôt du style plus-coincé-que-moi-tu-meurs ! Ensemble, le temps d'une nuit, ils vont s'encanailler dans le Paris hot. Sorte de dérive pour elle, évident parcours initiatique pour lui.
Mais très vite, pour l'un et l'autre, une complicité grandissante et un seul mot d'ordre au-delà des préjugés et des interdits : "A nos amours" ! Si intimes, si complexes, si fantasmants, si épanouissants aussi. Autre particularité, et non des moindres : c'est elle qui sert de guide et l'on se dit que Mai 68 et le M.L.F. ont incontestablement - et heureusement - changé bien des choses.
Derrière les propos de Jézabel, tout en franchise désarçonnante et pudeur débarrassée du moindre faux-semblant, il y a, à l'évidence, la propre réflexion de Virginie Thévenet sur des pulsions vitales enfouies au plus intime de chaque individu. Son film, pas toujours bien maîtrisé tant sur le plan de la mise en scène que sur celui de l'interprétation a, au moins, le mérite d'aborder de façon directe, très franche, un domaine trop longtemps occulté (mettre des tirets m'a démangé, bien sûr !).
Du coup, "La nuit porte-jarretelles" s'adresse davantage à ceux et celles qui revendiquent, à propos du Sexe, des principes élastiques !

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le 20 avr. 2017

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