Belle réussite que ce premier film (très) noir de Frédéric FARRUCCI, qui nous plonge dans le Paris des chauffeurs VTC, des exclus en tout genre qu'on aperçoit par les vitres, dans le silence feutré des berlines, au milieu des tentes et des détritus. Le film n'est jamais aussi bon que dans sa veine sociale, que ce soit quand il dépeint le quotidien de ces chinois piégés par la mafia, mais aussi les milieux interlopes, les trafics. Il peine un peu plus à faire vivre l'histoire d'amour entre les deux personnages principaux : si la scène du concert est assez réussie, la scène d'amour qui suit apparaît plus maladroite, par exemple. Certains regrettent le côté sec et brutal de la fin, que je trouve, au contraire assez juste. Le scénario nous tient jusqu'au bout, quand bien même on pressent que cela devrait mal tourner.
Les deux acteurs principaux sont très bons. Guand Huo a un véritable charisme, jusque dans ses silences et nous embarqué sans mal dans l'histoire de Jin. Camélia Jordana est, elle aussi, très juste mais son personnage manque peut-être de l'épaisseur qu'aurait pu apporter quelques éléments sur son parcours (alors que le dosage sur ce qu'on sait et ce qu'on ignore de Jin est très bon).
La réalisation s'avère convaincante et s'appuie en premier lieu sur une superbe photo aux lumières très travaillées. Le film bénéficie donc de très beaux plans, sur Paris bien sûr, mais aussi sur les visages, sur les corps.
Enfin, la musique joue un rôle central dans le film et donne à certaines scènes où certains plans des allures hypnotiques.
Sans être exempt de défauts, ce premier film donne à coup sûr envie de revoir ces acteurs et ce réalisateur devant et derrière la caméra.